mardi 11 novembre 2008

Que faut-il penser de Ségolène Royal? Ou bien mieux vaut-il ne pas y penser?

L'Université de Stockholm a mis en place un programme de tandem linguistique. Le principe est simple. On m'a mis en contact avec un Suédois qui apprend le français. Ainsi, il peut pratiquer son français, et moi je peux lui demander des conseils de prononciation, vocabulaire...en suédois, parce que je suis des cours de suédois depuis maintenant deux mois.

Mon tandem s'appelle Jan et il a la trentaine. Il travaille à l'Hôpital de Stockholm en tant que psychologue, sa soeur habite à Paris depuis sept ans et étudie à Sciences Po. Voilà pourquoi Jan parle bien le français. En vérité il est presque billingue.

Nous avons fait deux réunions.

Jan habite le quartier bourgeois-bohême de Sofo au Sud de Stockholm.
Nous nous sommes donnés rendez-vous devant la station de métro Medborgarplatsen, ensuite Jan m'a proposé d'aller dans un café sympa situé non loin de là, un endroit vintage, qui date des années vingt, et qui s'appelle "Le Moulin", en suédois bien sûr.
Le Moulin est un de ces cafés bobo typiques, que j'aime bien, et dont la clientèle a une bonne situation, se rend dans ce café (qui fait aussi restaurant par ailleurs) après le travail, pour prendre un verre, une bière, ou dinner.
Souvent, les clients sont seuls et lisent les journaux ou travaillent. L'ambiance est studieuse au Moulin. C'est en fait la brasserie la plus vieille du quartier, et le décor suranné n'a pas perdu de son charme originel.

Nous avons pris des bières. J'ai été surpris par le français presque irréprochable de Jan. Jan est psychologue, et je n'aime pas ça. Mais finalement, j'ai oublié sa profession angoissante, et nous avons parlé Suède. Cela a été l'occasion de faire l'état des lieux sur les points communs et les divergeances qui existent entre la société suédoise et la société française. Aussi, nous avons beaucoup parlé politique.

Et nous avons parlé de Ségolène Royal. Jan suit l'actualité française de très près. Il pense que Ségolène Royal incarne quelque chose, elle est charismatique, mais il trouve un bémol à ses performances: elle a un sévère travers populiste qui le dérange. Ségolène Royal populiste? Non à peine!
Quand elle déclare à propos de la crise finançière: "Il y a quinze jours, ils ne trouvaient pas l'argent pour les pays pauvres, alors qu'en quelques heures ils ont trouvé 300 milliards d'Euros pour résoudre la crise finançière."
...Alors "ils" ce sont les élites, les gouvernants, les hauts placés? Les notables? Qui d'autre? Peux-tu, Ségolène, faire plus de populisme ou c'est pas possible?

Ce que je pense d'elle, on s'en fou royalement. Mon avis ne compte pour rien. Mais quand même, c'est vrai, Ségolène Royal a quelque chose, elle incarne l'espoir. Elle incarne l'espoir comme Mitterrand incarnait le renouveau en 1981 (enfin ça, je l'imagine). Parce que là où une Martine Aubry ou un Bertrand Delanoë n'incarnent que l'alternance politique, Ségolène Royal a compris qu'en politique, les idées ne suffisent pas. En gros, pour gagner une élection, il faut des idées, et on peut dire qu'au PS, Aubry, Royal et Delanoë ont les mêmes idées exactement les mêmes, à la virgule près, sauf que Royal a bien compris qu'en plus des idées, il faut du liant, du sel, quelque chose qui va au délà des idées et des programmes politiques, il faut l'incarnation de l'espoir.

Même si c'est ridicule, l'incarnation de l'espoir d'un avenir meilleur est essentielle. L'homme politique doit faire croire aux citoyens qu'il est capable de faire bouger les choses, sinon à quoi sert la politique? C'est pour ça que Royal est comme Mitterrand, elle a grandi à l'école de Mitterrand, et elle a appris avec lui à faire de la politique. Toujours incarner l'espoir, l'espoir toujours que l'homme politique peut améliorer les choses et la société. 
Mitterrand a fait de l'espoir son fonds de commerce. Aussi, il a fait de son fond de commerce la contestation à tout va. Et parfois, la contestation flirte avec le populisme. Par exemple quand il déclarait en 1971 à Epinay: 
"Le véritable ennemi, j'allai dire le seul, parce que tout passe par chez lui, le véritable ennemi si l'on est bien sur le terrain de la rupture initiale, des structures économiques, c'est celui qui tient les clefs... c'est celui qui est installé sur ce terrain là, c'est celui qu'il faut déloger... c'est le Monopole ! terme extensif... pour signifier toutes les puissances de l'argent, l'argent qui corrompt, l'argent qui achète, l'argent qui écrase, l'argent qui tue, l'argent qui ruine, et l'argent qui pourrit jusqu'à la conscience des hommes !"

Et il continue en disant: "Celui qui n’accepte pas la rupture avec l’ordre établi, avec la société capitaliste, celui là, il ne peut pas être adhèrent du Parti Socialiste".

Alors je sais pas s'il faut penser que c'est du populisme ou bien alors si c'est de la contestation politique. Mais en tous cas, si Ségolène Royal ou un candidat socialiste prononçait les mots de Mitterrand aujourd'hui même, ça ne choquerait personne tellement le système capitaliste a perdu la tête.

Bref, sinon ce week-end, Carine et Laurent sont venus me voir à Stockholm. Il n'y a pas grand chose à raconter, si ce n'est que tout était simplement super! Dimanche je pars à Riga en bâteau pour trois jours. Avant, je vais m'acheter un nouvel appareil photo numérique parce que le mien est cassé et irréparable...je voudrais quand même avoir quelques souvenirs de cette année formidable. Dehors il pleut, il fait nuit aussi, mais ça, c'est devenu accessoire, ça fait parti du décor. Là immédiatement, je vais me remettre à travailler, j'ai un livre horrible à lire pour les cours...

A très vite!

Joël

2 commentaires:

Anonyme a dit…

AH! je vois avec délice que l'on peut désormais te laisser des coms!
Profite bien de ton voyage à Riga, tu m'en diras des nouvelles, quant à moi je retourne en Suède dimanche, et oui, on ne se renie pas!
On se skype dès que tu es dispo!
Biz

Cyrielle, aixpat' suédoise a dit…

Tu vas à Riga, tu vas voir c'est absolument géniale et la ville est tout à fait charmante! J'a adoré et j'envisage d'y refaire une escapade au 2nd semestre tellement j'ai aimé. Et tu verras l'ambiance sur le bateau est sympa si vous partez un bon petit groupe!
Je retourne aussi à mon livre, ce mois-ce j'ai un pavé énorme à lire chaque semaine!! Quant à la pluie elle fait aussi partie du décor à Uppsala, un vrai bonheur à vélo! bisous