jeudi 30 octobre 2008

Un peu comme la madeleine de Proust


Je vous rassure quant à mon précédent message "Nouveau départ", ça y est, je me suis habitué au changement de lumière, ça n'était qu'une question de jours!

Aussi, hier, j'ai reçu deux colis de ravitaillement de la part de maman. C'était un petit bout de France conditionné dans deux cartons scellés de gros scotch marron...dans l'hypothèse où les saucissons aient eu peur du froid nordique et se soient échappés pendant le voyage.

Maman m'a fait expédié des habits chauds et des chaussures d'hiver que je n'ai pas pu prendre au mois d'aout. Mais la surprise fut de trouver cinq boîtes de pâté et deux saucissons. Vous m'auriez vu, j'ai ouvert mes colis comme à Noël quand on ouvre ses cadeaux. En vérité, j'ai déchiré le carton pour gagner du temps et pouvoir saisir les petits présents.

Ensuite, j'ai évidemment goûté le saucisson. Il y a des goûts qui vois rappellent des souvenirs. Alors là, le goût du saucisson m'a rappelé la France bien sûr, la maison, les grands-parents, toute la famille, ses réunions, ses événements, ses repas... Ici, en Suède, je n'ai pas eu l'occasion d'acheter du vrai saucisson. Le seul pâté que j'ai pu acheter était du pâté aux herbes, vendu en tube, comme des tubes de dentifrices. C'était charmant.

Mais bon, je ne vais pas davantage raconter ma vie, et la re-découverte des bons produits Français, qui, même si elle a un effet de bonheur immédiat, n'est pas très intéressante. Mais toute cette histoire sur le goût et les souvenirs m'a fait pensé à la Madeleine de Proust, et à ce que l'auteur décrit lorsqu'il dit que le goût a le pouvoir de faire remonter en vous pleins de souvenirs.
Alors bien sûr, le pâté et le saucisson sont comment dire? Autrement moins fins que la madeleine de Proust, mais la France et la gastronomie Française ne seraient rien sans ses terroirs, ses régions et son patrimoine local. Alors juste pour le plaisir, puis-je vous faire relire les lignes sur la fameuse Madeleine?

Non? Eh bien SI, vous y aurez droit ! ;)

C'est extrait de Du côté de chez Swann...

"(Ma mère) envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d'une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d'un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j'avais laissé s'amollir un morceau de madeleine. Mais à l'instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m'avait envahi (...)"

"Et tout d'un coup, le souvenir m'est apparu. Ce goût, c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (...) ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul."

"Quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sous leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir."

Bon voilà pour ce moment littéraire!

Ce soir, j'étais aux Sofo nights. Sofo est le quartier bourgeois-branché de la capitale suédoise. Et donc ce soir, les magasins étaient exceptionellement ouverts jusqu'à 21h (contre 18h d'habitude), des concerts étaient prévus, des promotions etc...Mais ce fut un désastre, il a plus toute la soirée, il a fait très froid et le vent n'a rien arrangé!

A très vite,

Joël

lundi 27 octobre 2008

Nouveau départ


J'écris ce nouvel article pour vous dire que ces trois derniers jours ont été rudes! Je vous rassure, tout va bien, rien n'est grave. Non, c'est juste une question de météo. C'est secondaire, mais pour moi c'est très très important. Voilà trois jours qu'on a changé d'heure, et désormais, la nuit tombe sur Stockholm vers 16h30.

Je me souviens, on me disait en France: « Mais tu es fou de partir dans un pays aussi froid. En plus l'hiver tu n'auras pas de lumière ». Ici, au début de l'année, quand j'ai rencontré mes premiers Suédois, ils m'ont dit: « Tu verras, pendant l'hiver, le pire, ça n'est pas le froid, c'est la pénombre puis la nuit ».

Je me suis toujours dit, en réponse à ces descriptions catastrophiques:« Non mais ça va, c'est pas la fin du monde; si les Suédois le vivent, je peux le vivre aussi sans problème ».

Puis je me souviens m'avoir dit aussi: « En plus ils te disent ça pour faire genre 'Notre pays est original, on aime bien jouer la dessus avec les étrangers '. Je me dis qu'ils doivent exagérer le phénomène de dépression,fatigue et autres clichets... ».

Quatre mots: En fait, c'était vrai.

Aujourd'hui, j'étais en ville quand la nuit est tombée. C'était vers les 16h30. Alors je sais pas, mais pour la première fois, j'ai été gouverné par le biologique. Mon corps m'a dit de rentrer chez moi! Et le pire, c'est que je l'ai fait! A 17h30 j'était chez moi, rideaux fermés, lumières allumées. Et j'attendais. Je ne savais pas quoi faire. Sortir, non, parce qu'il fait nuit, et quand il fait nui on ne sort pas. Sauf le soir pour aller en soirée...Mais là c'était encore l'après-midi.

Alors je vais dans la cuisine. Stéfanie ma voisine allemande était là. Elle se préparait un plat pour dinner. Au début, je n'ai pas réalisé qu'elle allait dinner. Alors je lui parle. Puis tout à coup je réalise que c'est tôt pour manger. En fait, c'est ça. Désormais, nous mangerons vers 17h30-18h00 au plus tard. Ce soir, j'ai résisté au phénomène. Vers six heures, j'ai pris un en-cas. C'était du muesli avec du yaourt aux fruits (le yaourt aux fruits n'est pas du yaourt, c'est une préparation plus liquide que le yaourt, vendue en bricks, typiquement suédoise, et que l'on mélange souvent avec du muesli et des fruits frais comme de la banane coupée en rondelles par exemple). Bref, tout ça pour dire que j'étais décalé.

En plus du décalage, je me suis senti fatigué. Même pas fatigué, j'étais crevé. Tout d'un coup, crevé. J'avais sommeil. Vous ne le croirez pas, et je me suis hais après coup, mais j'ai somnollé jusqu'à vingt heure. Et pourtant je dors bien ces temps-ci. Ensuite j'ai dinné.

Alors je l'avoue, oui, ce changement de lumière m'a fait quelque chose. Et je ne croyais pas que la météo pouvait m'influencer à ce point. Le frois, je m'en fou totalement. Au contraire j'aime bien, ça vous revigore. Mais alors la nuit qui tombe en pleine après-midi, je crois que ça vous tappe sur le système! Mais bon, je ne désespère pas de m'y habituer, je ne déprime pas, je suis simplement un peu fatigué...

Au moins, je peux dire que je suis vraiment arrivé en Suède ce lundi! Voici une autre particularité des pays nordiques que ce pays nous avait bien caché jusqu'à présent, son hiver sombre et délirant. Alors c'est un nouveau départ, une nouvelle phase, à la laquelle il va falloir s'habituer. Mais ça n'est qu'une question de jours.

Comme quoi, les Suédois du mois d'aout, quand je suis arrivé, avaient raison. Ils m'ont dit, je me souviens, c'était quand j'étais dans cette fameuse maison d'hôte: « Il faut s'imposer de faire des choses quand la nuit est là. Il faut sortir, prévoir des activités, avec des amis, faire du sport à l'intérieur. Mais il faut le prévoir, sinon, on reste chez soi et on ne fait rien ».

Merci, je vais suivre vos conseils!



vendredi 24 octobre 2008

Grandeur et décadence


J'ai enfin passé mon examen, et c'était pas du gâteau. Le problème encore une fois, comme à chaque fois quand j'étudie, c'est que j'ai sélectionné ce qui m'intéressait, je l'ai bien appris, et le reste, je l'ai moins bien appris, et puis voilà, tout naturellement, c'est ce que j'ai le plus mal appris qui est tombé en devoir ! J'avais étudié à fond toute l'histoire politique de la Suède depuis le XVII ème siècle, et évidemment, c'est la seule partie du cours qui n'est pas tombée. Je suis damné les amis.

Mais pour me consoler, j'ai décidé de vous parler un peu d'histoire. De l'histoire du pays dans lequel je vis depuis maintenant plus de deux mois.

On ne comprend pas le présent, comment fonctionne une société, comment elle pense et comment elle agit, sans connaître son passé, ce qu'elle a vécu, ses épreuves, ses gloires, des décadences aussi. D'autant plus que la Suède n'est pas la France, même si nos deux pays ont beaucoup en commun.

La Suède c'est beaucoup de pacifisme dans sa période moderne. Aucune révolution, très peu de révoltes et plus de deux cents ans de paix. La Suède n'est pas la France, qui a changé je ne sais pas combien de fois de régime politique, qui est passée de révolutions en révolutions, qui coup sur coup a connu la monarchie, l'Empire, la République...En plus, la France est catholique, la Suède elle, a choisi le protestantisme. En un mot, à priori, la France est l'antithèse de la Suède: mais qu'est ce que je fais dans ce pays?

En fair, la Suède, c'est aussi un peu de la France, parce que la famille royale de Suède est d'origine Française! Oui chers Français, nous avons colonisé le monde, nous avons fait la guerre partout en Europe, et donc, il fallait bien que ça arrive, comme nous avons été eu peu partout, nous avons aussi mis notre grain de sel...en Suède.

Tout remonte au début du XIXème siècle, en 1809, quand le Roi de Suède de l'époque,Karl XIII, sans enfant, a été obligé d'adopter quelqu'un qui hériterait du trône, et deviendrait le nouveau Roi de Suède. Alors, pendant des années, la question brûlante qui était sur toutes les lèvres du Royaume était: qui donc Karl XIII Vasa va-t-il choisir pour l'adopter et le faire monter sur le trône? Inutile de dire que la concurrence était rude. Qui eût cru qu'un Français serait adopté et deviendrait alors le nouveau Roi de Suède?

C'est pourtant ce qui est arrivé, et aujourd'hui encore, la famille Royale appartient à la dynastie des Bernadotte, et descendent tous de Karl XIV Johan Bernadotte, le petit Français adopté par Karl XIII.
Alors qui est ce Français?

Au début, rien n'était joué, et l'histoire n'est écrite, comme souvent, suite à un enchaînement d'événements assez étonnants. Le jour où le Parlement suédois allait approuvé l'adoption par Karl XIII d'un Norvégien, qui serait donc naturellement le prochain Roi de Suède, un messager de neveu de Napoléon débarque dans l'assemblée, et annonce que Jean-Baptiste Bernadotte est près à devenir le prochain Roi de Suède. Stupeur générale. Pourtant, on connaissait Napoléon à l'époque, il était en guerre contre toute l'Europe, en conquête, en 1809 c'était la grande époque impériale, c'était la France riche et puissante. Alors Jean-Baptiste Bernadotte a joué de cette image, et en plus il était un homme d'affaires très riche. Puis après tout, s'il parvient à faire de la Suède ce qu'était la France, à savoir un pays en avance sur son temps, la première puissance mondiale, alors allons y, acceptons ce petit Français. Que Karl XIII l'adopte! Et il l'adopta...

Ce Karl XIV parlait à peine le Suédois, et d'ailleurs, il ne parlaient presque pas en suédois. Tout lui était traduit en Français. Mais là n'est pas le problème! Le problème est que ce Roi Français ne pouvait pas gouverner puisqu'il dormait le matin jusqu'à au moins midi. De sorte que l'Histoire a surnomé le règne de Karl XIV Johan Bernadotte "le Régime de la chambre à coucher"!

Enfin, voilà comment aujourd'hui, du sang Français coule dans les veines de la famille royale de Suède. Alors avec autant d'honneur, avec un aussi bon départ, comment a-t-elle fait pour devenir la famille royale dotée du plus petit nombre de pouvoir au monde? Parce qu'aujourd'hui, c'est ce qu'elle est, elle ne fait plus rien, elle inaugure tout juste les chrisantèmes!

En réalité, la famille royale a perdu ses pourvoir après la Première Guerre mondiale. Quand l'Allemagne et les troupes de la Triple Alliance ont perdu la Grande Guerre, la famille royale a sombré avec eux. Petite explication.
Traditionnellement, la Suède est neutre en temps de guerre. Donc de 1914 à 1918, elle était officiellement neutre. Mais personne n'ignorait que les hauts rangs de l'armée suédoise, ainsi que la famille royale elle-même, éprouvaient sympathie et attachement pour l'Allemagne. Cela revient à se faufiller, tout en restant neutre, dans les rangs de la Triple Alliance, aux côtés de son leader, l'Allemagne. En un mot, vous avez compris, la famille royale a été emportée dans la défaite de l'Allemagne.

En 1917, la Suède est quasiment comptée parmi les Etats perdants. Avant la Guerre en 1905, elle a donné l'indépendance à la Norvège, au bout de près d'un siècle de Royaume Uni de Suède et de Norvège, et au bout d'un sciècle aussi d'affrontement avec la Norvège, qui ne s'est jamais senti à son aise aux côtés de la Suède. Donc, coup dur pour la Suède en 1905 quand elle dit au revoir à la Norvège, et, en 1917, nouveau coup dur, décisif cette fois, elle se retrouve dans le camps des vaincus. Sur ces entrefaites, les élections législatives de 1917 sont un désastre pour le Parti Conservateur qui au pouvoir depuis très longtemps. Les résultats marquent l'arrivée d'un parti libéral et de gauche au pouvoir.

Avec dégoût mais faisant son devoir, le Roi est alors obligé de nommer un gouvernement libéral pour la première fois de l'histoire. Il faut tout de même noter que dans le programme du Parti Social Démocrate Suédois, figure une proposition sans équivoque: l'abolition de la monarchie en Suède.

C'est donc en 1917 que le Roi perd son emprise sur le gouvernement, qui finalement, préside le pays sans l'aide de l'autorité suprême. En conséquence, le Roi va peu à peu perdre toute influence sur la vie politique du pays. Mais jusqu'en 1974, la Constitution Suédoise stipulait que le Roi gouverne le pays. Or, cela faisait bien longtemps que la coutume avait décidé que le Roi ne fait plus rien en Suède.

En 1972 se pose alors la question: faut-il abolir la monarchie, puisque le Roi ne sert plus à rien? Le Parti Social Démocrate est partisan de l'abolition. Le Parti Conservateur veut conserver la famille royale. C'est finalement un accord historique qui est conclu: la Monarchie reste, à condition qu'elle soit totalement vidée de ses pouvoirs. On appelle cet accord le Compromis de Torekov, qui est conclut en 1974.

Alors aujourd'hui, que reste-t-il de la famille royale? Il reste sans doute les magnifiques palais royaux qui rendent Stockholm merveilleuse. Il reste aussi les cartes postales de la Reine, du Roi, de leurs enfants, dont Victoria, la future Reine...mais c'est un peu triste de réaliser que finalement, les Rois et les Reines ne sont rien sans leurs pouvoirs et sans appareil d'Etat qui les entoure.





vendredi 17 octobre 2008

Stockholm l'hétéroclite


J'imagine que c'est un peu pareil dans les autres capitales, elles vous éblouissent toujours parce qu'elles sont quelque part la vitrine du pays, et toutes, à leur façon, ont quelque chose de magique ou au moins d'avant-gardiste.

Stockholm a la magie, elle a aussi l'avant-gardisme, dans le design notamment, le design scandinave. Mais Stockholm est autre chose. Elle possède cette petite touche scandinave, un peu décalée, qui s'éloigne des lignes habituelles. Au final, Stockholm est une capitale hétéroclite.
Je m'explique.

Ce week-end, je suis allé à la Nuit de la Maison de la Culture, en suédois, Kulturhus-natten, et j'y ai vu des choses folles.

La Maison de la Culture (Kulturhuset) trône en plein centre de la capitale, dans un bâtiment de verre qui, une fois la nuit venue, s'illumine de centaines de lumières, autant à l'intérieur, puisqu'on voit tout en transparence, qu'à l'extérieur. Après tout, on va passer l'hiver dans le noir, alors autant être bien éclairé, et autant que ce soit joli à regarder!

La nuit de la culture c'est donc une soirée où l'on peut assister à plein de petits concerts, pièces de théâtres, films, spectacles venus du monde du cirque, de la danse aussi, bref, tous les arts possibles et imaginables, le tout dans la Maison de la Culture, et pour trente couronnes suédoises, soit environ quatre euros.

Partout dans la Kulturhuset -le bâtiment possède quatre vastes étages et un sous-sol, lequel donne sur une place, laquelle donne directement sur le métro- on pouvait voir des artistes du monde du cirque qui, allongés par terre, ou faisant une chorégraphie en plein milieu, là, devant vous, pouvant à tout moment vous regarder ou vous prendre au dépourvu, animaient la soirée, tel un spectacle surréaliste, plein de petits happenings, surprenants mais charmants.

Aussi on a eu droit à une salle où un orchestre de cuivres et une chanteuse jouaient et interprétaient des chansons variées, et les Suédois dansaient. Au dernier étage, un orchestre un peu russe je crois. Au troisième étage, une exposition de photos très réussie. Dans un coin, une scène avec un dessinateur qui vous croque directement à la vue de tous, sur de grandes feuilles blanches qu'il affichait ensuite sur un mur blanc.

Au milieu de tout ça, des cafés, ou l'on pouvait déguster des pâtisseries, boire un café ou du thé, bref, faire une fika typiquement suédoise à n'importe quel moment de la soirée.

Alors vous auriez dû voir les personnes présentes à la Nuit de la Maison de la Culture.
C'étaient des Bobo-écolo-branchés, bref le Suédois typique qui vit à Stockholm.

En France, je pense qu'il y aurait eu beaucoup de professeurs, un peu de gauche, qui aiment la culture populaire, la danse, le théâtre, le cirque. Là, les gens étaient habillés à la Suédoise, à savoir n'importe comment, avec des vêtements colorés, originaux, mais un n'importe comment étudié, que ce soit chez les jeunes, les moins jeunes, les hommes, les femmes, et surtout, tous étaient très "in", comment dire...tous étaient stylés.

De l'intérieur de la maison de la culture, on pouvait voir de n'importe quel étage, de n'importe quel endroit, l'extérieur du bâtiment, parce que je vous l'ai dit, toute la façade est faite de verre transparant, et donc nous avions vue sur la place centrale de la City, toute éclairée, sa grande fontaine, surmontée d'une tour éclairée la nuit, les buildings.
Mais surtout, une place et un extérieur vidés, parce que dehors, il fait froid, alors on n'y reste pas, on ne le peut pas, alors on se dépêche, on marche vite, afin de rentrer quelque part, tout de suite, vite, le plus vite possible!

Par ailleurs, la place centrale n'est pas si grande pour un capitale, mais c'est pareil pour tout ici. Tout n'est pas si grand, Stockholm n'est pas une si grande capitale, et d'ailleurs la Suède n'est pas un si grand pays. Par contre, les Suédois appartiennent à une grande nation, mais ça, je vous le raconterai plus tard, dans un autre article qui sera consacré à l'histoire de ce pays.

Ce que j'ai appris lors de cette nuit de la culture, c'est que la Suède a une petite culture bien à elle, une originalité qui n'appartient qu'à elle. Et j'ai pu voir son visage hétéroclite, dans les personnes, leur manière de se comporter en société, dans leur rapport à l'art, à la culture, bref, Stockholm m'a encore une fois surpris.

En tous cas je vous le dis, la Suède et les Suédois n'ont pas fini de m'étonner!

A très bientôt,

Joël

mercredi 15 octobre 2008

Adieu l'automne, bonjour l'hiver


Il y a quinze jours, je suis allé à Berlin, mais cette fois-ci, Stéphane m'a rendu visite à Stockholm, et c'était une vraie réussite... à une chose près.

En fait, Stéphane a d'importants problèmes avec la propriétaire de son appartement berlinois, il est quasiment en procès avec elle. C'est en raison d'une caution qu'elle ne veut pas lui rendre, ce sont aussi plusieurs violations de domicile, des tentatives d'intimidations, des pressions...

Bref, le rêve quand on est étudiant français à l'étranger, et que l'on doit faire face, comme je l'ai fait au début de l'année avec mon arrivée fracassante, et comme Stéphane est en train de le faire, à une avalanche de soucis qui vous tombent sur le « coin de la gueule », comme une sorte de super bizutage.

Parce que Stéphane et moi ne sommes pas les seuls à avoir subi la grande opération Bizutage pour tous les étudiants Français à l'étranger.

Ameline et Laure également ont eu droit à leur lot de surprises. Elles vivent ensemble à Stockholm dans un appartement, avec une troisième fille, laquelle leur fait payer le loyer intégralement, de sorte que cette fille ne paye rien au final ; et de surcroît elle empoche un bénéfice.
J'ai aussi entendu dire que Mélaine, qui est en Chine, bataille parce que son propriétaire veut qu'elle quitte l'appartement -à moins qu'elle ne muraille-.
Le problème est qu'elle se retrouve à la rue du jour au lendemain, parce que les lois communistes.... euh.... chinoises pardon, sont peu protectrices des droits du locataire et des personnes en général.

Bref, pour en revenir à la visite de Stéphane, elle était presque parfaite, si ce n'est tous ces soucis de logement qui lui ont un peu gâché le plaisir de découvrir Stockholm. Mais pas totalement, car nous avons pu faire beaucoup de choses.

D'abord la grandeur. La grandeur de la Suède à travers son palais royal, le Château de Drottningholm que j'ai à nouveau visité, que j'ai encore plus adoré, encore une fois. Ensuite, des endroits typiques de Stockholm.
Par exemple, le typique Chokoladkopen, qui est un café situé sur l'île de Gamla Stan. On peut y boire un chocolat chaud, surmonté d'un coeur de chocolat, dessiné sur le lait un peu à la façon des écritures "bon anniversaire" ou "Bon départ en Suède" que l'on trouve sur les gâteaux sur un morceau de pâte d'amande.


Autre lieu incontournable, la tour de la place centrale de la City, illuminée et splendide la nuit, et assez laide de jour. Stockholm
aurait-elle été pensée pour être vue la nuit ?


En tous cas, ici la nuit est là, et l'hiver aussi. Il fait froid, c'est pas une nouveauté, avec en moyenne 10 degrés l'après-midi, et surtout, une lumière blanche, un soleil d'hiver, un ciel bas et des journées de plus en plus courtes, puisqu'il fait désormais nuit à 18 heures, alors que nous sommes début octobre, que mamie du Moulin récolte encore ses figues, que le raisin vient d'être vendangé à La Pomarède, et que j'entends au téléphone que la météo avoisine les 25 degrés dans le sud de la France, et qu'on prévoit même 30° à Toulouse pour le jeudi qui arrive !

Mais quand il fait beau à Stockholm, que le ciel est bleu, c'est agréable de sortir, même s'il fait froid. Avec Stéphane j'ai découvert que derrière la cité universitaire où j'habite, se trouve un lac immense, comme un bout de mer. Il est entouré d'une forêt de hêtres et de chênes, qui jaunissent et perdent leurs feuilles, c'est l'automne, et nous avons donc fait une ballade, avant que Stéphane s'envole pour Berlin l'après-midi même.
Comme si la Suède voulait laisser d'elle le souvenir d'une nature encore sauvage, au moins préservée, que les Suédois aiment et protègent, tant au plan gouvernemental que citoyen. D'ailleurs ici, en cité universitaire, le tri sélectif est obligatoire; à quand ce progrès pour la France?

La venue de Stéphane a aussi été l'occasion de visiter une petite ville située à 40 kilomètres de Stockholm, Upsalla.

Cyrielle de l'IEP d'Aix, étudie là, à l'Université. Upsalla est une magnifique et coquette petite ville universitaire et traditionnelle, aux rues pavées, et dont l'architecture historique et ancienne nous montre à quel point la Suède s'inscrit dans l'histoire, et la nation suédoise dans ses traditions.

La cathédrale d'Upsalla est en ce sens très belle ; elle enferme la dépouille de l'ancien et très renommé Roi de Suède Karl Vasa Ier, qui rendit la Suède indépendante au 16ème siècle.
C'est d'ailleurs la plus grande Cathédrale d'Europe, et aussi le principal édifice religieux de l'Eglise de Suède. Enfin, de l'ancienne Eglise de Suède devrions-nous dire, puisque celle-ci s'est séparée de l'Etat dans les années 2000, comme nous l'avons fait en France un siècle plus tôt.


Enfin, pour ce qui est de l'histoire de la Suède, ses rois, ses reines... je prépare un petit récapitulatif que je publierai bientôt. En fait, dans mon cours intitulé "Politiques Suédoises", je dois lire un livre qui raconte toute l'histoire de ce cher pays.


Alors je vous laisse avec cette note historique, et je vous dis à très vite !


Joël

dimanche 5 octobre 2008

De Stockholm à Berlin


Après avoir passé mon partiel "d'Etude de la démocratie", je me suis envolé pour Berlin, où j'ai passé trois jours géniaux avec Stéphane, qui m'a accueilli chez lui.
Si vous ne le connaissez pas, Stéphane est un ami de l'IEP d'Aix. Il est en stage pour neuf mois à l'Ambassade de France à Berlin. Je suis arrivé à Berlin en avion. J'ai pris un vol Stockholm-Berlin avec la compagnie à bas prix Ryanair, et d'ailleurs, merci Ryanair, parce-que j'ai payé mon billet un peu plus de 17 Euros l'aller/retour.

Par contre, je ne remercie pas Ryanair pour la musique de fête foraine qu'il y a à bord, avec, en fond, une voix d'animateur de supermarché qui est diffusée dans tout l'avion et qui dit à peu de choses près: "Attention! Vous pouvez rejoindre le club des millionaires grâce à la grande loterie Ryanair ou en achetant les tickets à gratter Ryanair. Renseignez vous auprès de l'équipage, et n'oubliez pas, vous pouvez peut-être rejoindre le club des millionnaires!".

Donc on le saura, Ryanair, ça n'est pas qu'une compagnie aérienne, c'est aussi l'ambiance des fêtes foraines, avec en prime la loterie. En fait, je sais ce qu'il manquait, il ne manquait plus que les petites loupiotes de toutes les couleurs, les barbes à papa, les confettis et le Champomy.

Stéphane m'attendait à l'aéroport et m'a accueilli en m'offrant un Bretzel que j'ai dévoré. Je lui avais ramené les bonbons suédois "Billar" qui sont en fait des sortes de mini chamallows en forme de voitures. Après les friandises, nous avons pris le train pour aller chez lui. Ensuite, avec une copine de Stéphane, nous sommes sorti au Watergate qui est un club électro de la capitale.

Moi qui ai eu longtemps eu des a priori sur la musique électro, j'ai en fait découvert que j'aimais ce genre là...et j'aime surtout la musique électro suédoise ou finlandaise que m'envoie stéphane au gré de ses recherches musicales ou autres découvertes underground qui m'échappent encore! Mais je compte bien m'y intéresser de plus près, surtout avec tout ce qu'on a ici en Suède.

Pour éviter d'être long et ennuyeux, j'ai décidé de faire un petit lexique de mon épopée berlinoise...


Histoire

Berlin est chargée d'histoire. L'histoire est pourtant récente parce qu'il y a vingt ans, tombait le mur qui séparait le monde entre capitalistes et communistes, et ce mur, on peut encore le longer à certains endroits de la ville, et s'y prendre en photos comme on l'a fait -enfin c'est moi qui ai voulu- :)

En fait, on ne peut pas s'empêcher de se balader dans les rues de Berlin sans se demander comment était-ce possible que, pendant 28 ans, cette ville ait été la vitrine de la Guerre Froide. Et surtout, je me suis surpris plusieurs fois à me dire "J'aimerais bien voir comment on vivait quand on était à l'Est, l'avoir vécu pour voir comment c'était sous le communisme". En fait c'est ça, j'ai été fasciné par la ville et par son histoire. Et comme me l'a dit Stéphane, "Berlin n'est pas historique comme le sont d'autres capitales européennes, mais Berlin a une histoire plus proche, c'est historique dans un autre sens".

Berlin est bien sûr historique à cause du nazisme...et là encore, je me suis souvent demandé -avec naïveté...- au détour d'une rue ou dans une station de métro, comment ça faisait de vivre sous le nazisme, en plein coeur du système, ici, à Berlin, dans ces rues, au Reichstag etc...Et j'ai souvent visité les lieux forts de la capitale à la lumière de mes cours d'histoire.

Je suis également allé voir le Stade Olympique de Berlin, là où les Jeux Olympiques de 1936 on été organisés par l'Allemagne d'Hitler, à la gloire du régime nazi. Là encore, tout m'impressionnait, le stade de pierre, gigantesque, avec les statues grecques sensées représenter la supériorité de l'homme aryien et l'entrée principale du stade faite de deux immenses pilliers de pierres auxquels sont accrochés les anneaux olympiques d'origines, tels qu'ils ont été érigés en 1ç36. En plus, quand je m'y suis rendu, il pleuvait, il faisait sombre, alors l'ambiance était assurée...



Camps de Sachenhausen

J'ai toujours voulu visiter un camps de concentration. J'ai pu le faire à Berlin en me rendant au nord de la ville à Oranienburg. Cette petite ville a renfermé un camps de concentration qui fait plus d'une centaine d'hectare. Je suis arrivé là sans trop savoir où se trouvait le camps. En fait j'ai cherché assez longtemps, et je ne connaissais même pas le nom du camps. Alors je me suis un peu perdu dans la ville, j'ai marché, longtemps, et tout à coup, je suis tombé sur un bâtiment qui datait du milieu du siècle, c'était une annexe du camps de concentration de Sachenhausen, et plus précisément le coeur administratif du camps, là où tout se décidait. J'ai visité ce bâtiment, qui ressemblait en fait à un lieu administratif, à la façade gris clair. A l'intérieur, des bureaux administratifs, où travaillent des fonctionnaires. Ensuite, je me suis rendu vraiment sur les lieux du camps, après m'être renseigné pour connaître le chemin d'accès.

J'ai pu visiter le camps de Sachenhausen, muni d'un audioguide en Français, et là, tout m'a intéressé. Les lieux, les commentaires historiques. J'ai passé plus de deux heures à visiter ce camps, et il y avait longtemps que je n'avais pas visité un lieu aussi intéressant mais aussi bouleversant.



Culture RDA

Toujours en restant dans l'aspect Guerre Froide, Berlin est marquée dans son ancienne partie Est, par la "culture République Démocratique Allemande". Bien sûr, c'est la partie la plus populaire de la ville, mais aussi la plus agréable et intéressante à vivre. Stéphane vit à l'Est, et en fait, je ne suis allé à l'Ouest qu'une seule fois, c'était pour voir la porte de Brandenburg (et encore, c'était même pas l'Ouest à l'époque, puisque le porte historique de la ville était ni à l'est ni à l'ouest, dans une zone intermédiaire, une sorte de "no mans land".

Alors la culture RDA (ou DDR en allemand), c'est d'abord tout ce qui est dépassé, qui existait dans les années 60-70-80, qui aurait dû évolué depuis la chute du mur, mais qui est toujours là, et d'ailleurs quelquefois, on le revendique. Ainsi, de nombreux cafés ont gardé leur décoration DDR devenue kitsh aujourd'hui, avec leur tapisseries marrons orangées, leur sofas de mousse où on se sent enfoncé avant même de s'y être assis dedans, leurs lampes ou lustres d'époque etc...La culture DDR c'est aussi tous les vinyles vendus dans les boutiques spécialisées, les boutiques d'antiquités, qui proposent que des vieilles choses, des objets d'avant la chute du mur, des meubles, des fauteuils, des lampes...Enfin, la culture DDR c'est aussi tout ce qui est populaire, de rue, comme les concerts de rue, tard le soir, sous une petite tante au fond d'un escalier dans une cours. On a assisté à l'un d'entre eux à Warschauenstrasse, quartier très DDR qui est en fait devenu branché et très jeune aujourd'hui.


Kébabs

Berlin, c'est la capitale de l'Allemagne. C'est aussi la capitale des Kébabs. En fait, ce sandwich turc a justement été introduit par les Allemands d'origine turque. Ça coûte 2 Euros, et c'est assez bon. Alors on n'est pas certain de ce qu'on mange, si la viande est reconstituée ou pas, d'où elle vient, mais de toute façon, c'est trop tard, j'ai déjà tout mangé.

Voilà pour mon épopée berlinoise! Maintenant, j'attends Stéphane que j'accueillerai avec plaisir à Stockholm la semaine prochaine.

Ici à Stockholm, les feuilles commencent à tomber, l'automne arrive.
A très vite !

Joël