J'ai enfin passé mon examen, et c'était pas du gâteau. Le problème encore une fois, comme à chaque fois quand j'étudie, c'est que j'ai sélectionné ce qui m'intéressait, je l'ai bien appris, et le reste, je l'ai moins bien appris, et puis voilà, tout naturellement, c'est ce que j'ai le plus mal appris qui est tombé en devoir ! J'avais étudié à fond toute l'histoire politique de la Suède depuis le XVII ème siècle, et évidemment, c'est la seule partie du cours qui n'est pas tombée. Je suis damné les amis.
Mais pour me consoler, j'ai décidé de vous parler un peu d'histoire. De l'histoire du pays dans lequel je vis depuis maintenant plus de deux mois.
Mais pour me consoler, j'ai décidé de vous parler un peu d'histoire. De l'histoire du pays dans lequel je vis depuis maintenant plus de deux mois.
On ne comprend pas le présent, comment fonctionne une société, comment elle pense et comment elle agit, sans connaître son passé, ce qu'elle a vécu, ses épreuves, ses gloires, des décadences aussi. D'autant plus que la Suède n'est pas la France, même si nos deux pays ont beaucoup en commun.
La Suède c'est beaucoup de pacifisme dans sa période moderne. Aucune révolution, très peu de révoltes et plus de deux cents ans de paix. La Suède n'est pas la France, qui a changé je ne sais pas combien de fois de régime politique, qui est passée de révolutions en révolutions, qui coup sur coup a connu la monarchie, l'Empire, la République...En plus, la France est catholique, la Suède elle, a choisi le protestantisme. En un mot, à priori, la France est l'antithèse de la Suède: mais qu'est ce que je fais dans ce pays?
En fair, la Suède, c'est aussi un peu de la France, parce que la famille royale de Suède est d'origine Française! Oui chers Français, nous avons colonisé le monde, nous avons fait la guerre partout en Europe, et donc, il fallait bien que ça arrive, comme nous avons été eu peu partout, nous avons aussi mis notre grain de sel...en Suède.
Tout remonte au début du XIXème siècle, en 1809, quand le Roi de Suède de l'époque,Karl XIII, sans enfant, a été obligé d'adopter quelqu'un qui hériterait du trône, et deviendrait le nouveau Roi de Suède. Alors, pendant des années, la question brûlante qui était sur toutes les lèvres du Royaume était: qui donc Karl XIII Vasa va-t-il choisir pour l'adopter et le faire monter sur le trône? Inutile de dire que la concurrence était rude. Qui eût cru qu'un Français serait adopté et deviendrait alors le nouveau Roi de Suède?
C'est pourtant ce qui est arrivé, et aujourd'hui encore, la famille Royale appartient à la dynastie des Bernadotte, et descendent tous de Karl XIV Johan Bernadotte, le petit Français adopté par Karl XIII.
Alors qui est ce Français?
Au début, rien n'était joué, et l'histoire n'est écrite, comme souvent, suite à un enchaînement d'événements assez étonnants. Le jour où le Parlement suédois allait approuvé l'adoption par Karl XIII d'un Norvégien, qui serait donc naturellement le prochain Roi de Suède, un messager de neveu de Napoléon débarque dans l'assemblée, et annonce que Jean-Baptiste Bernadotte est près à devenir le prochain Roi de Suède. Stupeur générale. Pourtant, on connaissait Napoléon à l'époque, il était en guerre contre toute l'Europe, en conquête, en 1809 c'était la grande époque impériale, c'était la France riche et puissante. Alors Jean-Baptiste Bernadotte a joué de cette image, et en plus il était un homme d'affaires très riche. Puis après tout, s'il parvient à faire de la Suède ce qu'était la France, à savoir un pays en avance sur son temps, la première puissance mondiale, alors allons y, acceptons ce petit Français. Que Karl XIII l'adopte! Et il l'adopta...
Ce Karl XIV parlait à peine le Suédois, et d'ailleurs, il ne parlaient presque pas en suédois. Tout lui était traduit en Français. Mais là n'est pas le problème! Le problème est que ce Roi Français ne pouvait pas gouverner puisqu'il dormait le matin jusqu'à au moins midi. De sorte que l'Histoire a surnomé le règne de Karl XIV Johan Bernadotte "le Régime de la chambre à coucher"!
Enfin, voilà comment aujourd'hui, du sang Français coule dans les veines de la famille royale de Suède. Alors avec autant d'honneur, avec un aussi bon départ, comment a-t-elle fait pour devenir la famille royale dotée du plus petit nombre de pouvoir au monde? Parce qu'aujourd'hui, c'est ce qu'elle est, elle ne fait plus rien, elle inaugure tout juste les chrisantèmes!
En réalité, la famille royale a perdu ses pourvoir après la Première Guerre mondiale. Quand l'Allemagne et les troupes de la Triple Alliance ont perdu la Grande Guerre, la famille royale a sombré avec eux. Petite explication.
Traditionnellement, la Suède est neutre en temps de guerre. Donc de 1914 à 1918, elle était officiellement neutre. Mais personne n'ignorait que les hauts rangs de l'armée suédoise, ainsi que la famille royale elle-même, éprouvaient sympathie et attachement pour l'Allemagne. Cela revient à se faufiller, tout en restant neutre, dans les rangs de la Triple Alliance, aux côtés de son leader, l'Allemagne. En un mot, vous avez compris, la famille royale a été emportée dans la défaite de l'Allemagne.
En 1917, la Suède est quasiment comptée parmi les Etats perdants. Avant la Guerre en 1905, elle a donné l'indépendance à la Norvège, au bout de près d'un siècle de Royaume Uni de Suède et de Norvège, et au bout d'un sciècle aussi d'affrontement avec la Norvège, qui ne s'est jamais senti à son aise aux côtés de la Suède. Donc, coup dur pour la Suède en 1905 quand elle dit au revoir à la Norvège, et, en 1917, nouveau coup dur, décisif cette fois, elle se retrouve dans le camps des vaincus. Sur ces entrefaites, les élections législatives de 1917 sont un désastre pour le Parti Conservateur qui au pouvoir depuis très longtemps. Les résultats marquent l'arrivée d'un parti libéral et de gauche au pouvoir.
Avec dégoût mais faisant son devoir, le Roi est alors obligé de nommer un gouvernement libéral pour la première fois de l'histoire. Il faut tout de même noter que dans le programme du Parti Social Démocrate Suédois, figure une proposition sans équivoque: l'abolition de la monarchie en Suède.
C'est donc en 1917 que le Roi perd son emprise sur le gouvernement, qui finalement, préside le pays sans l'aide de l'autorité suprême. En conséquence, le Roi va peu à peu perdre toute influence sur la vie politique du pays. Mais jusqu'en 1974, la Constitution Suédoise stipulait que le Roi gouverne le pays. Or, cela faisait bien longtemps que la coutume avait décidé que le Roi ne fait plus rien en Suède.
En 1972 se pose alors la question: faut-il abolir la monarchie, puisque le Roi ne sert plus à rien? Le Parti Social Démocrate est partisan de l'abolition. Le Parti Conservateur veut conserver la famille royale. C'est finalement un accord historique qui est conclu: la Monarchie reste, à condition qu'elle soit totalement vidée de ses pouvoirs. On appelle cet accord le Compromis de Torekov, qui est conclut en 1974.
Alors aujourd'hui, que reste-t-il de la famille royale? Il reste sans doute les magnifiques palais royaux qui rendent Stockholm merveilleuse. Il reste aussi les cartes postales de la Reine, du Roi, de leurs enfants, dont Victoria, la future Reine...mais c'est un peu triste de réaliser que finalement, les Rois et les Reines ne sont rien sans leurs pouvoirs et sans appareil d'Etat qui les entoure.