lundi 15 décembre 2008

La Suède aux heures sacrées de la Sainte Lucie

Ce week-end a été celui des bougies, qui symbolisent le retour de la lumière, de  Noël avant l'heure, dans les rues de la ville et chez tous les Suédois, grâce à Sainte Lucie.

Oui, le 13 décembre est un jour particulier en Suède, comme dans de nombreux pays scandinaves et en Italie aussi, puisque c'est la Sainte Lucie. J'ai donc assisté pour l'occasion à un magnifique concert à L'Eglise Katarina de Stockholm, samedi soir à dix huit heures, dédié à la Sainte venue de Sicile.

Si Sankta Lucia est italienne à l'origine, elle a  ensuite été diffusée jusque dans les pays nordiques par la vague protestante venue d'Allemagne. Cette fête est aussi l'occasion de déguster partout en Suède des petits gâteaux briochés au safran et aux raisains secs, que l'on trouve absolument partout à cette époque de l'année, et que l'on appelle Lussekat. Aussi, les petits Suédois apportent à leur parents, au matin du 13 décembre, ces fameux (et bon, je les ai goûtés et plus que goûtés même) Lussekat.

Ce que je peux dire est que je n'ai jamais vu de concert de musique sacrée aussi beau. J'ai d'abord assisté samedi à un concert à Stockholm, puis dimanche, j'ai rendu visite à Cyrielle à Uppsala et nous sommes rendus, avec Ameline aussi, dans l'imposante cathédrale, siège de l'Eglise de Suède, qui abritait elle aussi son Lucia konsert, dans la plus grande tradition suédoise, une tradition perpétuée depuis 1927.

Sainte Lucie annonce la période de l'Avent, qui dure jusqu'à Noël. On la représente vêtue d'un tissus blanc, d'une ceinture rouge et d'une couronne de bougies. Elle distribue des bonbons et des biscuits, et chante des chansons aux petits enfants. Mais pourquoi donc une couronne sur la tête? Pour la simple et bonne raison que pour tenir le panier de biscuits, elle ne pouvait pas faire autrement, la nuit, et en particulier ici en Suède, où il fait nuit en début d'après-midi, dans la campagne, pour voir son chemin.

L'histoire raconte que Sainte Lucie remonte au Moyen-Age, puis, elle se serait ensuite convertie au Christianisme. Mais le 13 décembre 304, un jeune païen demande Lucie en mariage. Devant son refus, il la dénonce aux Romains qui la condamnèrent à être brûlée vive. Mais le feu destiné à la brûler ne la brûla pas, et Sainte Lucie resta en vie. 
 
Face à un tel phénomène, un hymne a été dédié à Sainte Lucie. Comme elle est sensée, dans un pays comme la Suède qui connaît des nuits avancées, symboliser le retour de la lumière, la chanson dit: "Natten går tunga fjät", ou, "La Nuit marche à pas lourds". Aussi la chanson affirme: "Sainte Lucie, brillante illusion".
Par ailleurs, il faudrait que j'apprennes les paroles par coeur. En tous cas, la mélodie est tellement accrocheuse, qu'elle vous reste dans la tête au moins toute la journée.
Pour les enfants, qui chantent notamment Sainte Lucie à l'école et qui élisent une Sainte Lucie chaque année, les paroles ont été simplifiées. Ils chantent "Dehors il fait noir et froid"...bref, merci d'enfoncer les portes ouvertes !

L'élection de Sainte Lucie se fait également (comme Miss France) au niveau national. En 2000, une polémique a éclatée sur l'élection d'une Sainte Lucie non-blanche. Finalement, elle fût élue, pour la première fois. Partout en Suède, le 13 décembre, des cortèges et défilés sont organisés dans toutes les institutions, sur les places, dans les rues et les magasains, sans compter les concerts de choeurs qui se déroulent dans les Eglises.

Vous auriez vu la beauté des chants sacrés. A Stockholm, comme à Uppsala j'imagine, les choristes sont rigoureusement sélectionnés pour faire partie des quelques privilégiés qui chanteront le 13 décembre à la gloire de Sankta Lucia. Le concert s'est déroulé de la manière suivante. J'étais tout seul avec avec Anaïs, parce que les autres ont été découragés par la file d'attente monstrueuse qui partait des portes de l'Eglise, qui traversait toute la court intérieure et qui continuait encore dans la rue. Mais en fait, nous n'avons attendu -dans le froid- qu'un quart d'heure. Nous achetons nos places à l'entrée.

Lès pieds à peine posés dans l'édifice, nous avons senti le poids des lieux sacrés, comme à chaque fois, que ce soit dans une Eglise de village ou dans une cathédrale, je ressens toujours quelque chose. C'était merveilleux parce que les lustres de l'Eglise étaient tous allumés, et le grand lustre central était pourvu de dizaines de chandeliers dont le feu scintillait comme autrefois j'imagine, quand on n'avait pas l'électricité, dans ces contrées nordiques et suédoises, froides et sombres, à l'approche de Noël. En vérité, je préfère même pas l'imaginer !

Les lumières s'éteignent, et seul le lustre central éclaire l'Eglise. A ce moment là, les dauphines de Sainte Lucie arrivent du fond de l'Eglise, chacune tient une bougie. Sainte Lucie ouvre le cortège. Elle aussi est vétue de blanc, elle aussi a un chandelier à la main, mais en plus des autres, elle est dotée d'une couronne d'environ sept bougies, sur la tête donc, et il est inutile de vous dire que pendant le concert, Sainte Lucie a dû batailler contre la cire qui lui coulait dans les cheveux et sur le visage. Ce doit être le côté martyr de l'Eglise et de la sainteté !

Quand le cortège s'avance donc, du fond de l'Eglise, lentement, et commence à entonner un chant, tout d'abord très doucement puis en crescendo, les voix envahissent la totalité de l'édifice et vous donnent des frissons. Les chants se succèdent et ne s'arrêtent plus, il n'y a aucun applaudissement entre les morceaux. Seuls le piano et une harpe je crois, accompagnent le choeur illuminé. La Katarina Kyrka de Slussen -un quartier de Stockholm- est au plus haut de sa gloire, elle est très belle, quoiqu'un peu austère, ou protestante, mais elle s'impose d'elle même, elle impressionne, et il n'y a pas besoin de trop de dorures pour cela.

Mais les choeurs sont par ailleurs composés de garçons, qui eux aussi sont parés de tissus blancs. En revanche, ils portent sur la tête des chapeaux blancs en forme de cônes et décorés d'étoiles dorées. Il arrive, mais je n'en ai pas vu, que certains garçons se déguisent en bonhomme de pain d'épices ou encore que d'autres portent des lanternes. Eux aussi chantent.

Le plus beau moment du concert est au début quand le choeur entre dans l'Eglise et entonne la chanson de Sainte Lucie (regardez la vidéo en entier, c'est magnifique), puis à la fin aussi, quand ils chantent la même chanson et repartent. Dimanche, au concert de la cathédrale d'Uppsala, tout était encore plus grandiose. Uppsala est le siège de l'Eglise de Suède et sans doute le plus grand édifice du pays. 

A la sortie de l'Eglise nous sommes allés, dans la plus grande tradition suédoise, prendre une fika (café, thé, et gâteaux ou mets salés) dans un café non loin de la cathédrale. J'ai ensuite repris le train pour Stockholm, qui met quarante minutes.

Je garderai à coup sûr un souvenir immense de la Sainte Lucie, et je projette déjà de me rendre en Suède le 13 décembre prochain pour assister au concert de nouveau !

En attendant, je file réviser mon examen de suédois qui est ce mercredi, je vous dis à très vite, et surtout, bonne Sainte Lucie à tous!

lundi 8 décembre 2008

Des journées ordinaires

Rien de neuf à Stockholm, je ne suis pas parti en voyage, je suis resté ici, et ce qui s'est passé ces deux dernières semaines était assez agréable parce que j'étais presque en vacances, et ça fait du bien. Qui a dit qu'en année d'Erasmus on ne travaillait pas? Moi je déments, parce qu'il m'arrive, souvent, d'avoir à étudier.

En effet, ces derniers jours, je n'ai eu que très peu de cours, j'ai seulement assisté à mes trois heures de suédois hebdomadaire. Le reste du temps m'a été donné pour libre, mais je savais aussi que j'avais à étudier pour mon prochain examen, qui est une épreuve de suédois, et que je passe dans une semaine maintenant. J'avais décidé d'étudier assez tôt, mais entre ce qu'on prévoit et ce qu'on fait vraiment, il y a toujours mille choses qui sont là et qui changent vos plans.
Alors j'ai étudié -à peine, ou du moins pas comme il l'aurait fallu- le suédois. Le reste de mon temps, je l'ai passé à profiter de l'ambiance de Noël qui fleurit un peu partout en ville. Aussi, j'ai revu des personnes que j'avais perdu l'habitude de voir, pour cause de révisions...

J'ai revu Kelly d'abord, mon amie américaine. Elle nous a tous invité chez elle pour célébrer la ô combien importante et traditionnelle fête de Thanksgiving.
Elle et ses amis américains,venus pour l'occasion, nous avaient rigoureusement préparé un à un les plats qu'on cuisine habituellement pour le fameux Thanksgiving dinner. Alors, le temps d'une soirée, l'Amérique s'est montrée présente à Stockholm. Nous avons mangé un poulet (les puristes vous diront qu'il faut une dinde, mais bon, le poulet était aussi réussi), des champignons farcis à une sauce excellente et puis gratinés au four, de la gelée de groseilles (pour accompagner le tout), des aubergines, des gratins traditionnels, bref, je ne me rappelle pas de tout, mais je me souviens de la bonne ambiance du dinner et aussi, du bon repas qu'on a fait. Happy Thanksgiving everyone!

Aussi, j'ai revu notre petit groupe de Français...car il faut le dire, c'est aussi bien de se retrouver entre Français. J'avais cuisiné un poulet au curry qui n'a pas eu qu'un succès confidentiel (les fleurs sont pas chères).
Ensuite, nous avons joué au Times Up qui est un jeu où l'on doit deviner des mots...L'ambiance est garantie, le bruit aussi, car pour le coup, je crois que nous avons détrôné oui, nous, Français, les Espagnols, au palmarès des personnes les plus buyantes! Même si une de mes voisines allemandes m'a assuré n'avoir rien entendu, l'autre, quant à elle, a "entendu des gens courir dans le couloir".

Enfin, il faut que je vous raconte que vendredi soir, j'ai mangé du renne.
C'était dans un restaurant traditionnel de Gamla Stan, situé dans la vieille ville donc, un tout petit restaurant à la salle minuscule, mais à la cuisine excellente. J'y suis allé avec des voisins qui m'avaient proposé cette petite escapade retour aux sources, retour à la cuisine traditionnelle, qui change, il faut le dire, de la student food que nous connaissons tous. Comme je vous le dis, j'ai mangé du renne en sauce, surmonté d'une tranche de navet, puis d'une tranche de potiron il me semble, de courge en fait, encore croquantes, accompagnés d'une sauce excellente, vraiment, ce plat était exquis, rien n'était à redire, et de pommes de terres sautées aussi. Rien n'est à redire, si ce n'est le prix, mais le renne est une viande assez chère, "onéreuse" aurait-on pu lire dans les livres de cuisine traditionnelle française que je trouvais chez Mamie de Villeroux (pour ceux, encore, qui ne sont pas au courant, mes grands-parents maternels habitaient une maison à la campagne dont le nom est Villeroux, alors, j'appelle ma grand-mère Mamie de Villeroux).

Voilà donc, comme je vous le disais, ces deux dernières semaines se sont déroulées en dehors du cadre universitaire, à peu de choses près. Mais ça va changer, et je m'y suis déjà mis, mon examen de suédois arrive à grand pas, alors, je dois filer et étudier vocabulaire et règles de grammaire, que Brit, notre prof de suédois, nous a donnée à apprendre.

Vi ses et à très vite!


mardi 2 décembre 2008

Opération Perceuses

La semaine dernière, j'assistais à mes derniers cours de Méthodes en sciences sociales qui est le cours le plus soporifique au monde. En sortant de trois heures de cette plaisante matière, j'ai appris que non loin de nous allait se tenir une conférence-échange sur l'Union Européenne entre le Premier Ministre suédois et le Premier Ministre croate. On s'est dit qu'après tous, c'était l'occasion de rencontrer en chair et en os l'une des plus hautes personalités politiques suédoises. Vous le reconnaîtrez sur les photos, il a le crâne un peu dégarni et il porte une cravate rouge. Pourant, non, il n'est pas social-démocrate, il n'est que conservateur.
 
J'avoue que je n'avais jamais vraiment entendu parler de Fredrik Reinfeldt, notre Premier Ministre ici, en Suède. Pourquoi? Tout d'abord parce que je ne peux pas lire les journaux en suédois, ensuite parce qu'il n'a pas tant de pouvoir que ça, enfin peut-être par faignantise!
Ce qu'il faut dire surout, c'est que le Premier Ministre suédois n'est pas comme N. Sarkozy. Il ne se met pas en scène contamment. Ici, il y a plus de pudeur et de modestie dans l'exercice du pouvoir, ce qui correspond parfaitement à l'état d'esprit de la société suédoise.

Comme je viens de vous le dire, c'était la première fois que j'entendais parler de Fredrik Reinfeldt, et surtout que je le voyais. Pourtant, c'est lui qui est à la tête de toutes les institutions, c'est lui qui incarne l'Etat au jour le jour dans l'action politique (le Roi quand à lui n'a qu'une fonction symbolique). 
En un mot, j'étais sensé avoir devant moi l'équivalent du Président de la République français. Mais comme la Suède n'est pas la France, le Premier Ministre suédois n'a pas autant de pouvoirs que notre Président français. En bon régime parlementaire, la Suède est avant tout gouvernée par son Parlement, et le Premier Ministre n'a qu'une importance secondaire. Peut-être est-ce cela qui expliquait que nous étions dans un amphitéâtre de pas plus de quatre cent places. Pour un Prime Minister, ils n'ont pas vu les choses en grand!

J'étais heureux de l'avoir entendu parler. A la fin, nous avons pu lui poser des questions, ainsi qu'à son homologue croate...Bien sûr tout l'échange s'est déroulé en anglais: qui pourrait imaginer que N. Sarkozy ou François Fillon puisse assumer un exercice de cette nature, en anglais?!

Enfin, à part ce moment intéressant et dont je me rappelerai, ici, la neige a fondu.

Et comme nous avaient averti la plupart de nos profs, "Vous verrez, là il neige, tout est blanc, c'est calme et doux, mais dans quelque jour, ce sera pas aussi joli". Bien vu! Désormais on marche dans la gadoue et il pleut depuis deux jours! Alors vivement le retour de la neige.

Cette semaine a été l'occasion de manger des crêpes aussi. Tantôt chez Violette, tantôt avec mes voisins. Aussi, Sabine nous a cuisiné des pâtes au Roquefort, et nous avons fait un diner 100% frenchy. Ca fait plaisir! Depuis que j'ai passé mon examen de Methods samedi de neuf heures à treize heures (merci au système suédois de programmer les examens à des horaires aussi piquants), j'ai décidé de me reposer après la semaine et demi de révision qui m'a retenu chez moi. Alors je me suis couché très tard ce qui m'a obligé à me lever très tard aussi.

En ouvrant les yeux, j'ai regardé ma fenêtre et la lumière semblait matinale, puisqu'il n'y en avait presque pas; "Pfffff, mon sommeil n'a pas été réparateur, ce doit être 6 heures du matin, je me rendors", me dis-je. Vous devinez la suite. J'ai réalisé que nous étions en début d'après-midi, et que la nuit était en train de tomber. La sensation de s'endormir avec la nuit, puis de se réveiller avec la nuit, vous coupe l'envie de vous coucher tard. Alors pour profiter du jour, je le saurai, il vaut mieux se lever tôt. Le soleil se lève que vers 8h15, donc il faut prévoir le coup. 

Enfin, je n'ai pas eu à prévoir le coup cette semaine, puisque depuis trois jours, les perçeuses ou autres marteaux piqueur ont fait office de réveil. Oui, dans le couloir où j'habite, est organisée pour quinze jours la grande opération "Réveil au marteaux piqueurs". La société de logements a décidé de changer les radiateurs dans toutes les chambres, alors, à 7h20, chaque matin, c'est un festival de perçeuses, de sorte qu'en vous levant, vous avez mal à la tête. Aujourd'hui c'est décidé, je vais m'acheter des boules Quies, ça devient insupportable. J'ai essayé les mouchoirs en papier dans les oreilles, mais ça ne marche pas. 

J'en ai parlé à Mamie du Moulin (pour ceux qui ne savent pas, ma grand-mère paternelle habite une maison appelée Le Moulin, donc on l'a toujours appelée "Mamie du Moulin") qui m'a raconté, avec un humour caustique comme on l'aime,son expérience à propos des boules Quies: "Quand nous habitions l'immeuble, à Toulouse, alors que la maison n'était pas encore prête, nous avions ces gens sur la tête, et cette femme là, qui faisait un bruit infernal, alors j'ai mis des boules Quies". Comme quoi, la boule Quies est transgénérationnelle!


mardi 25 novembre 2008

à tu et à toi

Samedi en me levant, vers dix heures, j'ai un peu travaillé avant de retrouver notre petit groupe à midi pour aller tous ensemble visiter le Parlement suédois, le Riksdag. C'est en voyant une affiche dans le métro que j'avais appris qu'étaient organisées les journées portes ouvertes de l'institution.

J'ai bondis sur l'occasion! Car je voulais absolument découvrir l'organe le plus important de la démocratie suédoise, là où tout se décide, parce que dans la culture nationale, tout se discute, tout se négocie, et le Riksdag est sans doute le lieu qui incarne le mieux une tradition de dialogue et de délibération collective vieille de plusieurs siècles au pays des Vikings.

Le Riksdag est situé à quelques mètres du Palais Royal en plein coeur historique de Stockholm. Jusqu'en 1971, la Suède avait deux assemblées parlementaires, la chambre haute et la chambre basse. La chambre basse était élue directement par les Suédois alors que la chambre haute  était composée de membres de la noblesse suédoise. Ces deux anciennes chambres sont les plus historiques et les plus belles aussi en terme de décoration. L'ambiance y est feutrée, rouge et or. 

A partir de 1971, la Suède abandonne sa chambre haute, et devient un régime parlementaire monocamériste. Est alors construit un nouveau parlement, une nouvelle chambre, un nouveau bâtiment, qui est mitoyen à l'ancien Parlement, et qui donne sur le lac Malaren. C'est un bâtiment moderne, dont la façade est faite de verre. Et la modernité se voit aussi de l'intérieur, et pas pour le meilleur. En effet, c'est un vrai Parlement Ikéa! Le mobilier y est épuré, bye bye l'histoire du pays, l'aparat de la monarchie, et bonjour modernité plate et sans âme! Les Suédois auraient-ils voulu incarner la modernité en construisant ce nouveau parlement? Ont ils voulu, comme à leur habitude, exprimer la simplicité du pouvoir, gommer les hierarchies, et faire un Parlement accessible à tous et à la portée de tous? 


Alors les Suédois ne sont pas comme les Français. Jan mon tandem me l'a d'ailleur confirmé. Là où en France les hierarchies dans la société sont fortement cultivées, que ce soit au travail, à l'école ou en politique, en Suède, c'est exactement le contraire, on met tout en oeuvre pour les aplanir. A ce propos, une vaste réforme a été opérée à la fin des années 1960: la Réforme du vouvoiement.

C'est très simple, le tutoiement généralisé, l'abolition de l'usage des titres liés à la hiérarchie, ou encore l'arrêt définitif de l'utilisation de "il" ou "elle" pour désigner une personne inconnue, ont été proclamés par la loi. Une exception demeure cependant, puisque seuls les membres de la famille royale doivent être vouvoyés.
Sinon, en société, au travail, à l'école, partout, les Suédois se tutoient! Même le jeune qui s'adresse à une personne âgée ou hiérarchiquement supérieure, peux tutoyer son interlocuteur sans risque de passer pour quelqu'un d'impoli. C'est aussi ça le paradoxe de la Suède. La politesse et les convenances sont ailleurs. Elles sont plus dans le respect en général (des personnes et de la nature en particulier) que dans l'utilisation de convenances ou de codes sociaux pré-établis, comme la maintien des hiérarchies traditionnelles ou encore le vouvoiement dans les rapports aux autres.

Ainsi aujourd'hui, les Suédois se tutoient entre eux, et tutoient tout le monde! Mais il y a un petit bémol. Depuis les années 1980, un retour du "vous" chez les jeunes est à noter. Ceux qui voyagent en Europe notamment, ont pu réaliser que le suédois était la seule langue dans laquelle le "vous" distinct du "tu" existe mais n'est plus employé. 

Deux raisons fondamentales ont justifié l'adoption de cette loi: d'une part, cela était considéré comme un progrès démocratique et égalitaire. D'autre part, il s'agissait de rompre avec avec le clichet selon lequel les Suédois sont froids et distants.

Si les Suédois sont moins froids depuis qu'ils se tutoient, la Suède n'en reste pas moins glaciale en hiver. Les températures sont désormais négatives, et la neige recouvre la Suède de son manteau blanc. En cinq lettres, ce que j'en pense? C'est S U P E R !

J'ai pris beaucoup de photos (mon nouvel appareil ne me quitte plus, je mitraille!). On a fait des batailles de neige...En ville, les premières vitrines de Noël apparaissent, les girlandes électriques s'allument dans les rues à partir de quinze heures, à la tombée de la nuit. Et chaque jour, c'est parti pour un après-midi de neige, de nuit et d'ambiance de Noël avant l'heure!

vendredi 21 novembre 2008

Week-end à Riga


Nous avons pris le bateau pour la Lettonie et sa capitale, Riga. Le séjour était court, il n'a duré que trois jours, dont deux à bord de notre énorme ferry pas très jeune.

Oui c'était un ferry un peu vieux, pas très joli à l'intérieur, pas seulement kitsch (ce serait la version positive) mais complètement ringard. En fait voilà, ce bateau m'a rappellé toutes ces séries télévisées des années 1970 comme La croisière s'amuse avec son équipage, son personnel, ses spectacles à paillettes, ses balons colorés et ses spots, ses danseuses et danseurs vêtus comme au cirque ou au Lino de Paris dans les années soixante, ses jeux organisés pour divertir les voyageurs...

Alors heureusement que nous étions en groupe, que nous étions nombreux de l'Université de Stockholm, et que nous avons pu nous amuser malgré tout!

La ville de Riga en elle même est très mignone et chargée d'histoire. J'ai pu la visiter le temps d'une journée. Nous sommes allé dans un grand marché où nous avons pu découvrir les spécialités locales.

Mais la Lettonie reste pauvre. Les visages, des femmes d'un certain âge en particulier, sont les témoins de quelque chose de grave. Outre le fait qu'on ne puisse pas communiquer, parce que l'anglais y est peu parlé, ces dames qui vendent sur les marchés n'ont pas d'expression, elles ne sourient pas, elles vous regardent, et elles vous servent. Elles ne parlent pas non plus. Par contre,  la dame qui nous a vendu ses patisseries nous a émerveillé par sa gentillesse! Elle parlait anglais en plus...peut-être qu'elle n'était pas vraiment du coin.

Dans la rue aussi, la pauvreté est là, marquante, mais pas seulement la pauvreté, car ce qu'on retient avant tout, c'est la gravité des visages, commune je crois à de nombreux ex-pays soviétiques. Voir des personnes âgées mandier dans les rues, venir, au marché, vous demander une pièce...C'est le genre de scène que vous voyez une fois et dont vous vous rappelez souvent. Surtout quand vous pensez que ces personnes ont travaillé toute leur vie.

Alors, les personnes se promènent dans la rue, enfermées dans de grands manteaux de fourrure. Leur chapka finit de dessiner la silhouette particulière des populations russes...Mais le plus boulersant, oui, ce sont les visages encore une fois. Ces visages froids, tristes et graves. 

Riga nous a aussi montré ses magnifiques bâtiments de style Art Nouveau. Les premières réalisations datent de la fin du XIXème siècle, grâce aux fruits de la Révolution Industrielle. Eisenstein par exemple signe de nombreux bâtiments dans le centre-ville ancien. En fait, Riga est l'un des plus grands témoignages de la période art nouveau en Europe. Après la Première Guerre mondiale, on la surnommait "Le Paris du Nord" tellement elle accueillait d'artistes venus du monde entier.

Aussi, la capitale balte a gardé les traces de presqu'un demi-siècle d'Union Soviétique. Et , bien plus encore que l'Art Nouveau, cette partie là de l'histoire est présente partout dans la ville, mais aussi chez les personnes qui vivent là. Pour les plus âgées, elles auront tout vécu. Les guerres du XXème siècle, la privation des libertés sous l'Union Soviétique, et aujourd'hui, avec l'ouverture à l'Europe et au monde, elles connaissent le libéralisme économique, qui appauvrit encore plus.

Parce que pour de nombreuses personnes encore, la vie était meilleure sous le communisme. Elles étaient moins pauvres parce que les prix étaient plus bas. Le travail était garanti par le système, et donc, globalement, c'était mieux. On a longtemps retrouvé ce sentiment chez les personnes agées en ex Allemagne de l'est...

Mais je voudrais retourner à Riga, ou bien dans un autre pays de l'est, ou pourquoi pas, découvrir un autre pays balte...
Je voudrais aussi visiter Saint-Pétersbourg et prendre le Transibérien, ce train symbole de la grandeur russe, la Russie tsariste et communiste, les deux Russie qui m'impressionnent, comme m'avait impressionné Berlin.
Je n'ai pas pu visiter Riga à fond, une journée ça passe très vite! Mais j'ai quand même pu prendre quelques photos...(cliquez ensuite sur "diaporama").

A très vite!

Joël

vendredi 14 novembre 2008

mardi 11 novembre 2008

Que faut-il penser de Ségolène Royal? Ou bien mieux vaut-il ne pas y penser?

L'Université de Stockholm a mis en place un programme de tandem linguistique. Le principe est simple. On m'a mis en contact avec un Suédois qui apprend le français. Ainsi, il peut pratiquer son français, et moi je peux lui demander des conseils de prononciation, vocabulaire...en suédois, parce que je suis des cours de suédois depuis maintenant deux mois.

Mon tandem s'appelle Jan et il a la trentaine. Il travaille à l'Hôpital de Stockholm en tant que psychologue, sa soeur habite à Paris depuis sept ans et étudie à Sciences Po. Voilà pourquoi Jan parle bien le français. En vérité il est presque billingue.

Nous avons fait deux réunions.

Jan habite le quartier bourgeois-bohême de Sofo au Sud de Stockholm.
Nous nous sommes donnés rendez-vous devant la station de métro Medborgarplatsen, ensuite Jan m'a proposé d'aller dans un café sympa situé non loin de là, un endroit vintage, qui date des années vingt, et qui s'appelle "Le Moulin", en suédois bien sûr.
Le Moulin est un de ces cafés bobo typiques, que j'aime bien, et dont la clientèle a une bonne situation, se rend dans ce café (qui fait aussi restaurant par ailleurs) après le travail, pour prendre un verre, une bière, ou dinner.
Souvent, les clients sont seuls et lisent les journaux ou travaillent. L'ambiance est studieuse au Moulin. C'est en fait la brasserie la plus vieille du quartier, et le décor suranné n'a pas perdu de son charme originel.

Nous avons pris des bières. J'ai été surpris par le français presque irréprochable de Jan. Jan est psychologue, et je n'aime pas ça. Mais finalement, j'ai oublié sa profession angoissante, et nous avons parlé Suède. Cela a été l'occasion de faire l'état des lieux sur les points communs et les divergeances qui existent entre la société suédoise et la société française. Aussi, nous avons beaucoup parlé politique.

Et nous avons parlé de Ségolène Royal. Jan suit l'actualité française de très près. Il pense que Ségolène Royal incarne quelque chose, elle est charismatique, mais il trouve un bémol à ses performances: elle a un sévère travers populiste qui le dérange. Ségolène Royal populiste? Non à peine!
Quand elle déclare à propos de la crise finançière: "Il y a quinze jours, ils ne trouvaient pas l'argent pour les pays pauvres, alors qu'en quelques heures ils ont trouvé 300 milliards d'Euros pour résoudre la crise finançière."
...Alors "ils" ce sont les élites, les gouvernants, les hauts placés? Les notables? Qui d'autre? Peux-tu, Ségolène, faire plus de populisme ou c'est pas possible?

Ce que je pense d'elle, on s'en fou royalement. Mon avis ne compte pour rien. Mais quand même, c'est vrai, Ségolène Royal a quelque chose, elle incarne l'espoir. Elle incarne l'espoir comme Mitterrand incarnait le renouveau en 1981 (enfin ça, je l'imagine). Parce que là où une Martine Aubry ou un Bertrand Delanoë n'incarnent que l'alternance politique, Ségolène Royal a compris qu'en politique, les idées ne suffisent pas. En gros, pour gagner une élection, il faut des idées, et on peut dire qu'au PS, Aubry, Royal et Delanoë ont les mêmes idées exactement les mêmes, à la virgule près, sauf que Royal a bien compris qu'en plus des idées, il faut du liant, du sel, quelque chose qui va au délà des idées et des programmes politiques, il faut l'incarnation de l'espoir.

Même si c'est ridicule, l'incarnation de l'espoir d'un avenir meilleur est essentielle. L'homme politique doit faire croire aux citoyens qu'il est capable de faire bouger les choses, sinon à quoi sert la politique? C'est pour ça que Royal est comme Mitterrand, elle a grandi à l'école de Mitterrand, et elle a appris avec lui à faire de la politique. Toujours incarner l'espoir, l'espoir toujours que l'homme politique peut améliorer les choses et la société. 
Mitterrand a fait de l'espoir son fonds de commerce. Aussi, il a fait de son fond de commerce la contestation à tout va. Et parfois, la contestation flirte avec le populisme. Par exemple quand il déclarait en 1971 à Epinay: 
"Le véritable ennemi, j'allai dire le seul, parce que tout passe par chez lui, le véritable ennemi si l'on est bien sur le terrain de la rupture initiale, des structures économiques, c'est celui qui tient les clefs... c'est celui qui est installé sur ce terrain là, c'est celui qu'il faut déloger... c'est le Monopole ! terme extensif... pour signifier toutes les puissances de l'argent, l'argent qui corrompt, l'argent qui achète, l'argent qui écrase, l'argent qui tue, l'argent qui ruine, et l'argent qui pourrit jusqu'à la conscience des hommes !"

Et il continue en disant: "Celui qui n’accepte pas la rupture avec l’ordre établi, avec la société capitaliste, celui là, il ne peut pas être adhèrent du Parti Socialiste".

Alors je sais pas s'il faut penser que c'est du populisme ou bien alors si c'est de la contestation politique. Mais en tous cas, si Ségolène Royal ou un candidat socialiste prononçait les mots de Mitterrand aujourd'hui même, ça ne choquerait personne tellement le système capitaliste a perdu la tête.

Bref, sinon ce week-end, Carine et Laurent sont venus me voir à Stockholm. Il n'y a pas grand chose à raconter, si ce n'est que tout était simplement super! Dimanche je pars à Riga en bâteau pour trois jours. Avant, je vais m'acheter un nouvel appareil photo numérique parce que le mien est cassé et irréparable...je voudrais quand même avoir quelques souvenirs de cette année formidable. Dehors il pleut, il fait nuit aussi, mais ça, c'est devenu accessoire, ça fait parti du décor. Là immédiatement, je vais me remettre à travailler, j'ai un livre horrible à lire pour les cours...

A très vite!

Joël

jeudi 30 octobre 2008

Un peu comme la madeleine de Proust


Je vous rassure quant à mon précédent message "Nouveau départ", ça y est, je me suis habitué au changement de lumière, ça n'était qu'une question de jours!

Aussi, hier, j'ai reçu deux colis de ravitaillement de la part de maman. C'était un petit bout de France conditionné dans deux cartons scellés de gros scotch marron...dans l'hypothèse où les saucissons aient eu peur du froid nordique et se soient échappés pendant le voyage.

Maman m'a fait expédié des habits chauds et des chaussures d'hiver que je n'ai pas pu prendre au mois d'aout. Mais la surprise fut de trouver cinq boîtes de pâté et deux saucissons. Vous m'auriez vu, j'ai ouvert mes colis comme à Noël quand on ouvre ses cadeaux. En vérité, j'ai déchiré le carton pour gagner du temps et pouvoir saisir les petits présents.

Ensuite, j'ai évidemment goûté le saucisson. Il y a des goûts qui vois rappellent des souvenirs. Alors là, le goût du saucisson m'a rappelé la France bien sûr, la maison, les grands-parents, toute la famille, ses réunions, ses événements, ses repas... Ici, en Suède, je n'ai pas eu l'occasion d'acheter du vrai saucisson. Le seul pâté que j'ai pu acheter était du pâté aux herbes, vendu en tube, comme des tubes de dentifrices. C'était charmant.

Mais bon, je ne vais pas davantage raconter ma vie, et la re-découverte des bons produits Français, qui, même si elle a un effet de bonheur immédiat, n'est pas très intéressante. Mais toute cette histoire sur le goût et les souvenirs m'a fait pensé à la Madeleine de Proust, et à ce que l'auteur décrit lorsqu'il dit que le goût a le pouvoir de faire remonter en vous pleins de souvenirs.
Alors bien sûr, le pâté et le saucisson sont comment dire? Autrement moins fins que la madeleine de Proust, mais la France et la gastronomie Française ne seraient rien sans ses terroirs, ses régions et son patrimoine local. Alors juste pour le plaisir, puis-je vous faire relire les lignes sur la fameuse Madeleine?

Non? Eh bien SI, vous y aurez droit ! ;)

C'est extrait de Du côté de chez Swann...

"(Ma mère) envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d'une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d'un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j'avais laissé s'amollir un morceau de madeleine. Mais à l'instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m'avait envahi (...)"

"Et tout d'un coup, le souvenir m'est apparu. Ce goût, c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (...) ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul."

"Quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sous leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir."

Bon voilà pour ce moment littéraire!

Ce soir, j'étais aux Sofo nights. Sofo est le quartier bourgeois-branché de la capitale suédoise. Et donc ce soir, les magasins étaient exceptionellement ouverts jusqu'à 21h (contre 18h d'habitude), des concerts étaient prévus, des promotions etc...Mais ce fut un désastre, il a plus toute la soirée, il a fait très froid et le vent n'a rien arrangé!

A très vite,

Joël

lundi 27 octobre 2008

Nouveau départ


J'écris ce nouvel article pour vous dire que ces trois derniers jours ont été rudes! Je vous rassure, tout va bien, rien n'est grave. Non, c'est juste une question de météo. C'est secondaire, mais pour moi c'est très très important. Voilà trois jours qu'on a changé d'heure, et désormais, la nuit tombe sur Stockholm vers 16h30.

Je me souviens, on me disait en France: « Mais tu es fou de partir dans un pays aussi froid. En plus l'hiver tu n'auras pas de lumière ». Ici, au début de l'année, quand j'ai rencontré mes premiers Suédois, ils m'ont dit: « Tu verras, pendant l'hiver, le pire, ça n'est pas le froid, c'est la pénombre puis la nuit ».

Je me suis toujours dit, en réponse à ces descriptions catastrophiques:« Non mais ça va, c'est pas la fin du monde; si les Suédois le vivent, je peux le vivre aussi sans problème ».

Puis je me souviens m'avoir dit aussi: « En plus ils te disent ça pour faire genre 'Notre pays est original, on aime bien jouer la dessus avec les étrangers '. Je me dis qu'ils doivent exagérer le phénomène de dépression,fatigue et autres clichets... ».

Quatre mots: En fait, c'était vrai.

Aujourd'hui, j'étais en ville quand la nuit est tombée. C'était vers les 16h30. Alors je sais pas, mais pour la première fois, j'ai été gouverné par le biologique. Mon corps m'a dit de rentrer chez moi! Et le pire, c'est que je l'ai fait! A 17h30 j'était chez moi, rideaux fermés, lumières allumées. Et j'attendais. Je ne savais pas quoi faire. Sortir, non, parce qu'il fait nuit, et quand il fait nui on ne sort pas. Sauf le soir pour aller en soirée...Mais là c'était encore l'après-midi.

Alors je vais dans la cuisine. Stéfanie ma voisine allemande était là. Elle se préparait un plat pour dinner. Au début, je n'ai pas réalisé qu'elle allait dinner. Alors je lui parle. Puis tout à coup je réalise que c'est tôt pour manger. En fait, c'est ça. Désormais, nous mangerons vers 17h30-18h00 au plus tard. Ce soir, j'ai résisté au phénomène. Vers six heures, j'ai pris un en-cas. C'était du muesli avec du yaourt aux fruits (le yaourt aux fruits n'est pas du yaourt, c'est une préparation plus liquide que le yaourt, vendue en bricks, typiquement suédoise, et que l'on mélange souvent avec du muesli et des fruits frais comme de la banane coupée en rondelles par exemple). Bref, tout ça pour dire que j'étais décalé.

En plus du décalage, je me suis senti fatigué. Même pas fatigué, j'étais crevé. Tout d'un coup, crevé. J'avais sommeil. Vous ne le croirez pas, et je me suis hais après coup, mais j'ai somnollé jusqu'à vingt heure. Et pourtant je dors bien ces temps-ci. Ensuite j'ai dinné.

Alors je l'avoue, oui, ce changement de lumière m'a fait quelque chose. Et je ne croyais pas que la météo pouvait m'influencer à ce point. Le frois, je m'en fou totalement. Au contraire j'aime bien, ça vous revigore. Mais alors la nuit qui tombe en pleine après-midi, je crois que ça vous tappe sur le système! Mais bon, je ne désespère pas de m'y habituer, je ne déprime pas, je suis simplement un peu fatigué...

Au moins, je peux dire que je suis vraiment arrivé en Suède ce lundi! Voici une autre particularité des pays nordiques que ce pays nous avait bien caché jusqu'à présent, son hiver sombre et délirant. Alors c'est un nouveau départ, une nouvelle phase, à la laquelle il va falloir s'habituer. Mais ça n'est qu'une question de jours.

Comme quoi, les Suédois du mois d'aout, quand je suis arrivé, avaient raison. Ils m'ont dit, je me souviens, c'était quand j'étais dans cette fameuse maison d'hôte: « Il faut s'imposer de faire des choses quand la nuit est là. Il faut sortir, prévoir des activités, avec des amis, faire du sport à l'intérieur. Mais il faut le prévoir, sinon, on reste chez soi et on ne fait rien ».

Merci, je vais suivre vos conseils!



vendredi 24 octobre 2008

Grandeur et décadence


J'ai enfin passé mon examen, et c'était pas du gâteau. Le problème encore une fois, comme à chaque fois quand j'étudie, c'est que j'ai sélectionné ce qui m'intéressait, je l'ai bien appris, et le reste, je l'ai moins bien appris, et puis voilà, tout naturellement, c'est ce que j'ai le plus mal appris qui est tombé en devoir ! J'avais étudié à fond toute l'histoire politique de la Suède depuis le XVII ème siècle, et évidemment, c'est la seule partie du cours qui n'est pas tombée. Je suis damné les amis.

Mais pour me consoler, j'ai décidé de vous parler un peu d'histoire. De l'histoire du pays dans lequel je vis depuis maintenant plus de deux mois.

On ne comprend pas le présent, comment fonctionne une société, comment elle pense et comment elle agit, sans connaître son passé, ce qu'elle a vécu, ses épreuves, ses gloires, des décadences aussi. D'autant plus que la Suède n'est pas la France, même si nos deux pays ont beaucoup en commun.

La Suède c'est beaucoup de pacifisme dans sa période moderne. Aucune révolution, très peu de révoltes et plus de deux cents ans de paix. La Suède n'est pas la France, qui a changé je ne sais pas combien de fois de régime politique, qui est passée de révolutions en révolutions, qui coup sur coup a connu la monarchie, l'Empire, la République...En plus, la France est catholique, la Suède elle, a choisi le protestantisme. En un mot, à priori, la France est l'antithèse de la Suède: mais qu'est ce que je fais dans ce pays?

En fair, la Suède, c'est aussi un peu de la France, parce que la famille royale de Suède est d'origine Française! Oui chers Français, nous avons colonisé le monde, nous avons fait la guerre partout en Europe, et donc, il fallait bien que ça arrive, comme nous avons été eu peu partout, nous avons aussi mis notre grain de sel...en Suède.

Tout remonte au début du XIXème siècle, en 1809, quand le Roi de Suède de l'époque,Karl XIII, sans enfant, a été obligé d'adopter quelqu'un qui hériterait du trône, et deviendrait le nouveau Roi de Suède. Alors, pendant des années, la question brûlante qui était sur toutes les lèvres du Royaume était: qui donc Karl XIII Vasa va-t-il choisir pour l'adopter et le faire monter sur le trône? Inutile de dire que la concurrence était rude. Qui eût cru qu'un Français serait adopté et deviendrait alors le nouveau Roi de Suède?

C'est pourtant ce qui est arrivé, et aujourd'hui encore, la famille Royale appartient à la dynastie des Bernadotte, et descendent tous de Karl XIV Johan Bernadotte, le petit Français adopté par Karl XIII.
Alors qui est ce Français?

Au début, rien n'était joué, et l'histoire n'est écrite, comme souvent, suite à un enchaînement d'événements assez étonnants. Le jour où le Parlement suédois allait approuvé l'adoption par Karl XIII d'un Norvégien, qui serait donc naturellement le prochain Roi de Suède, un messager de neveu de Napoléon débarque dans l'assemblée, et annonce que Jean-Baptiste Bernadotte est près à devenir le prochain Roi de Suède. Stupeur générale. Pourtant, on connaissait Napoléon à l'époque, il était en guerre contre toute l'Europe, en conquête, en 1809 c'était la grande époque impériale, c'était la France riche et puissante. Alors Jean-Baptiste Bernadotte a joué de cette image, et en plus il était un homme d'affaires très riche. Puis après tout, s'il parvient à faire de la Suède ce qu'était la France, à savoir un pays en avance sur son temps, la première puissance mondiale, alors allons y, acceptons ce petit Français. Que Karl XIII l'adopte! Et il l'adopta...

Ce Karl XIV parlait à peine le Suédois, et d'ailleurs, il ne parlaient presque pas en suédois. Tout lui était traduit en Français. Mais là n'est pas le problème! Le problème est que ce Roi Français ne pouvait pas gouverner puisqu'il dormait le matin jusqu'à au moins midi. De sorte que l'Histoire a surnomé le règne de Karl XIV Johan Bernadotte "le Régime de la chambre à coucher"!

Enfin, voilà comment aujourd'hui, du sang Français coule dans les veines de la famille royale de Suède. Alors avec autant d'honneur, avec un aussi bon départ, comment a-t-elle fait pour devenir la famille royale dotée du plus petit nombre de pouvoir au monde? Parce qu'aujourd'hui, c'est ce qu'elle est, elle ne fait plus rien, elle inaugure tout juste les chrisantèmes!

En réalité, la famille royale a perdu ses pourvoir après la Première Guerre mondiale. Quand l'Allemagne et les troupes de la Triple Alliance ont perdu la Grande Guerre, la famille royale a sombré avec eux. Petite explication.
Traditionnellement, la Suède est neutre en temps de guerre. Donc de 1914 à 1918, elle était officiellement neutre. Mais personne n'ignorait que les hauts rangs de l'armée suédoise, ainsi que la famille royale elle-même, éprouvaient sympathie et attachement pour l'Allemagne. Cela revient à se faufiller, tout en restant neutre, dans les rangs de la Triple Alliance, aux côtés de son leader, l'Allemagne. En un mot, vous avez compris, la famille royale a été emportée dans la défaite de l'Allemagne.

En 1917, la Suède est quasiment comptée parmi les Etats perdants. Avant la Guerre en 1905, elle a donné l'indépendance à la Norvège, au bout de près d'un siècle de Royaume Uni de Suède et de Norvège, et au bout d'un sciècle aussi d'affrontement avec la Norvège, qui ne s'est jamais senti à son aise aux côtés de la Suède. Donc, coup dur pour la Suède en 1905 quand elle dit au revoir à la Norvège, et, en 1917, nouveau coup dur, décisif cette fois, elle se retrouve dans le camps des vaincus. Sur ces entrefaites, les élections législatives de 1917 sont un désastre pour le Parti Conservateur qui au pouvoir depuis très longtemps. Les résultats marquent l'arrivée d'un parti libéral et de gauche au pouvoir.

Avec dégoût mais faisant son devoir, le Roi est alors obligé de nommer un gouvernement libéral pour la première fois de l'histoire. Il faut tout de même noter que dans le programme du Parti Social Démocrate Suédois, figure une proposition sans équivoque: l'abolition de la monarchie en Suède.

C'est donc en 1917 que le Roi perd son emprise sur le gouvernement, qui finalement, préside le pays sans l'aide de l'autorité suprême. En conséquence, le Roi va peu à peu perdre toute influence sur la vie politique du pays. Mais jusqu'en 1974, la Constitution Suédoise stipulait que le Roi gouverne le pays. Or, cela faisait bien longtemps que la coutume avait décidé que le Roi ne fait plus rien en Suède.

En 1972 se pose alors la question: faut-il abolir la monarchie, puisque le Roi ne sert plus à rien? Le Parti Social Démocrate est partisan de l'abolition. Le Parti Conservateur veut conserver la famille royale. C'est finalement un accord historique qui est conclu: la Monarchie reste, à condition qu'elle soit totalement vidée de ses pouvoirs. On appelle cet accord le Compromis de Torekov, qui est conclut en 1974.

Alors aujourd'hui, que reste-t-il de la famille royale? Il reste sans doute les magnifiques palais royaux qui rendent Stockholm merveilleuse. Il reste aussi les cartes postales de la Reine, du Roi, de leurs enfants, dont Victoria, la future Reine...mais c'est un peu triste de réaliser que finalement, les Rois et les Reines ne sont rien sans leurs pouvoirs et sans appareil d'Etat qui les entoure.





vendredi 17 octobre 2008

Stockholm l'hétéroclite


J'imagine que c'est un peu pareil dans les autres capitales, elles vous éblouissent toujours parce qu'elles sont quelque part la vitrine du pays, et toutes, à leur façon, ont quelque chose de magique ou au moins d'avant-gardiste.

Stockholm a la magie, elle a aussi l'avant-gardisme, dans le design notamment, le design scandinave. Mais Stockholm est autre chose. Elle possède cette petite touche scandinave, un peu décalée, qui s'éloigne des lignes habituelles. Au final, Stockholm est une capitale hétéroclite.
Je m'explique.

Ce week-end, je suis allé à la Nuit de la Maison de la Culture, en suédois, Kulturhus-natten, et j'y ai vu des choses folles.

La Maison de la Culture (Kulturhuset) trône en plein centre de la capitale, dans un bâtiment de verre qui, une fois la nuit venue, s'illumine de centaines de lumières, autant à l'intérieur, puisqu'on voit tout en transparence, qu'à l'extérieur. Après tout, on va passer l'hiver dans le noir, alors autant être bien éclairé, et autant que ce soit joli à regarder!

La nuit de la culture c'est donc une soirée où l'on peut assister à plein de petits concerts, pièces de théâtres, films, spectacles venus du monde du cirque, de la danse aussi, bref, tous les arts possibles et imaginables, le tout dans la Maison de la Culture, et pour trente couronnes suédoises, soit environ quatre euros.

Partout dans la Kulturhuset -le bâtiment possède quatre vastes étages et un sous-sol, lequel donne sur une place, laquelle donne directement sur le métro- on pouvait voir des artistes du monde du cirque qui, allongés par terre, ou faisant une chorégraphie en plein milieu, là, devant vous, pouvant à tout moment vous regarder ou vous prendre au dépourvu, animaient la soirée, tel un spectacle surréaliste, plein de petits happenings, surprenants mais charmants.

Aussi on a eu droit à une salle où un orchestre de cuivres et une chanteuse jouaient et interprétaient des chansons variées, et les Suédois dansaient. Au dernier étage, un orchestre un peu russe je crois. Au troisième étage, une exposition de photos très réussie. Dans un coin, une scène avec un dessinateur qui vous croque directement à la vue de tous, sur de grandes feuilles blanches qu'il affichait ensuite sur un mur blanc.

Au milieu de tout ça, des cafés, ou l'on pouvait déguster des pâtisseries, boire un café ou du thé, bref, faire une fika typiquement suédoise à n'importe quel moment de la soirée.

Alors vous auriez dû voir les personnes présentes à la Nuit de la Maison de la Culture.
C'étaient des Bobo-écolo-branchés, bref le Suédois typique qui vit à Stockholm.

En France, je pense qu'il y aurait eu beaucoup de professeurs, un peu de gauche, qui aiment la culture populaire, la danse, le théâtre, le cirque. Là, les gens étaient habillés à la Suédoise, à savoir n'importe comment, avec des vêtements colorés, originaux, mais un n'importe comment étudié, que ce soit chez les jeunes, les moins jeunes, les hommes, les femmes, et surtout, tous étaient très "in", comment dire...tous étaient stylés.

De l'intérieur de la maison de la culture, on pouvait voir de n'importe quel étage, de n'importe quel endroit, l'extérieur du bâtiment, parce que je vous l'ai dit, toute la façade est faite de verre transparant, et donc nous avions vue sur la place centrale de la City, toute éclairée, sa grande fontaine, surmontée d'une tour éclairée la nuit, les buildings.
Mais surtout, une place et un extérieur vidés, parce que dehors, il fait froid, alors on n'y reste pas, on ne le peut pas, alors on se dépêche, on marche vite, afin de rentrer quelque part, tout de suite, vite, le plus vite possible!

Par ailleurs, la place centrale n'est pas si grande pour un capitale, mais c'est pareil pour tout ici. Tout n'est pas si grand, Stockholm n'est pas une si grande capitale, et d'ailleurs la Suède n'est pas un si grand pays. Par contre, les Suédois appartiennent à une grande nation, mais ça, je vous le raconterai plus tard, dans un autre article qui sera consacré à l'histoire de ce pays.

Ce que j'ai appris lors de cette nuit de la culture, c'est que la Suède a une petite culture bien à elle, une originalité qui n'appartient qu'à elle. Et j'ai pu voir son visage hétéroclite, dans les personnes, leur manière de se comporter en société, dans leur rapport à l'art, à la culture, bref, Stockholm m'a encore une fois surpris.

En tous cas je vous le dis, la Suède et les Suédois n'ont pas fini de m'étonner!

A très bientôt,

Joël

mercredi 15 octobre 2008

Adieu l'automne, bonjour l'hiver


Il y a quinze jours, je suis allé à Berlin, mais cette fois-ci, Stéphane m'a rendu visite à Stockholm, et c'était une vraie réussite... à une chose près.

En fait, Stéphane a d'importants problèmes avec la propriétaire de son appartement berlinois, il est quasiment en procès avec elle. C'est en raison d'une caution qu'elle ne veut pas lui rendre, ce sont aussi plusieurs violations de domicile, des tentatives d'intimidations, des pressions...

Bref, le rêve quand on est étudiant français à l'étranger, et que l'on doit faire face, comme je l'ai fait au début de l'année avec mon arrivée fracassante, et comme Stéphane est en train de le faire, à une avalanche de soucis qui vous tombent sur le « coin de la gueule », comme une sorte de super bizutage.

Parce que Stéphane et moi ne sommes pas les seuls à avoir subi la grande opération Bizutage pour tous les étudiants Français à l'étranger.

Ameline et Laure également ont eu droit à leur lot de surprises. Elles vivent ensemble à Stockholm dans un appartement, avec une troisième fille, laquelle leur fait payer le loyer intégralement, de sorte que cette fille ne paye rien au final ; et de surcroît elle empoche un bénéfice.
J'ai aussi entendu dire que Mélaine, qui est en Chine, bataille parce que son propriétaire veut qu'elle quitte l'appartement -à moins qu'elle ne muraille-.
Le problème est qu'elle se retrouve à la rue du jour au lendemain, parce que les lois communistes.... euh.... chinoises pardon, sont peu protectrices des droits du locataire et des personnes en général.

Bref, pour en revenir à la visite de Stéphane, elle était presque parfaite, si ce n'est tous ces soucis de logement qui lui ont un peu gâché le plaisir de découvrir Stockholm. Mais pas totalement, car nous avons pu faire beaucoup de choses.

D'abord la grandeur. La grandeur de la Suède à travers son palais royal, le Château de Drottningholm que j'ai à nouveau visité, que j'ai encore plus adoré, encore une fois. Ensuite, des endroits typiques de Stockholm.
Par exemple, le typique Chokoladkopen, qui est un café situé sur l'île de Gamla Stan. On peut y boire un chocolat chaud, surmonté d'un coeur de chocolat, dessiné sur le lait un peu à la façon des écritures "bon anniversaire" ou "Bon départ en Suède" que l'on trouve sur les gâteaux sur un morceau de pâte d'amande.


Autre lieu incontournable, la tour de la place centrale de la City, illuminée et splendide la nuit, et assez laide de jour. Stockholm
aurait-elle été pensée pour être vue la nuit ?


En tous cas, ici la nuit est là, et l'hiver aussi. Il fait froid, c'est pas une nouveauté, avec en moyenne 10 degrés l'après-midi, et surtout, une lumière blanche, un soleil d'hiver, un ciel bas et des journées de plus en plus courtes, puisqu'il fait désormais nuit à 18 heures, alors que nous sommes début octobre, que mamie du Moulin récolte encore ses figues, que le raisin vient d'être vendangé à La Pomarède, et que j'entends au téléphone que la météo avoisine les 25 degrés dans le sud de la France, et qu'on prévoit même 30° à Toulouse pour le jeudi qui arrive !

Mais quand il fait beau à Stockholm, que le ciel est bleu, c'est agréable de sortir, même s'il fait froid. Avec Stéphane j'ai découvert que derrière la cité universitaire où j'habite, se trouve un lac immense, comme un bout de mer. Il est entouré d'une forêt de hêtres et de chênes, qui jaunissent et perdent leurs feuilles, c'est l'automne, et nous avons donc fait une ballade, avant que Stéphane s'envole pour Berlin l'après-midi même.
Comme si la Suède voulait laisser d'elle le souvenir d'une nature encore sauvage, au moins préservée, que les Suédois aiment et protègent, tant au plan gouvernemental que citoyen. D'ailleurs ici, en cité universitaire, le tri sélectif est obligatoire; à quand ce progrès pour la France?

La venue de Stéphane a aussi été l'occasion de visiter une petite ville située à 40 kilomètres de Stockholm, Upsalla.

Cyrielle de l'IEP d'Aix, étudie là, à l'Université. Upsalla est une magnifique et coquette petite ville universitaire et traditionnelle, aux rues pavées, et dont l'architecture historique et ancienne nous montre à quel point la Suède s'inscrit dans l'histoire, et la nation suédoise dans ses traditions.

La cathédrale d'Upsalla est en ce sens très belle ; elle enferme la dépouille de l'ancien et très renommé Roi de Suède Karl Vasa Ier, qui rendit la Suède indépendante au 16ème siècle.
C'est d'ailleurs la plus grande Cathédrale d'Europe, et aussi le principal édifice religieux de l'Eglise de Suède. Enfin, de l'ancienne Eglise de Suède devrions-nous dire, puisque celle-ci s'est séparée de l'Etat dans les années 2000, comme nous l'avons fait en France un siècle plus tôt.


Enfin, pour ce qui est de l'histoire de la Suède, ses rois, ses reines... je prépare un petit récapitulatif que je publierai bientôt. En fait, dans mon cours intitulé "Politiques Suédoises", je dois lire un livre qui raconte toute l'histoire de ce cher pays.


Alors je vous laisse avec cette note historique, et je vous dis à très vite !


Joël

dimanche 5 octobre 2008

De Stockholm à Berlin


Après avoir passé mon partiel "d'Etude de la démocratie", je me suis envolé pour Berlin, où j'ai passé trois jours géniaux avec Stéphane, qui m'a accueilli chez lui.
Si vous ne le connaissez pas, Stéphane est un ami de l'IEP d'Aix. Il est en stage pour neuf mois à l'Ambassade de France à Berlin. Je suis arrivé à Berlin en avion. J'ai pris un vol Stockholm-Berlin avec la compagnie à bas prix Ryanair, et d'ailleurs, merci Ryanair, parce-que j'ai payé mon billet un peu plus de 17 Euros l'aller/retour.

Par contre, je ne remercie pas Ryanair pour la musique de fête foraine qu'il y a à bord, avec, en fond, une voix d'animateur de supermarché qui est diffusée dans tout l'avion et qui dit à peu de choses près: "Attention! Vous pouvez rejoindre le club des millionaires grâce à la grande loterie Ryanair ou en achetant les tickets à gratter Ryanair. Renseignez vous auprès de l'équipage, et n'oubliez pas, vous pouvez peut-être rejoindre le club des millionnaires!".

Donc on le saura, Ryanair, ça n'est pas qu'une compagnie aérienne, c'est aussi l'ambiance des fêtes foraines, avec en prime la loterie. En fait, je sais ce qu'il manquait, il ne manquait plus que les petites loupiotes de toutes les couleurs, les barbes à papa, les confettis et le Champomy.

Stéphane m'attendait à l'aéroport et m'a accueilli en m'offrant un Bretzel que j'ai dévoré. Je lui avais ramené les bonbons suédois "Billar" qui sont en fait des sortes de mini chamallows en forme de voitures. Après les friandises, nous avons pris le train pour aller chez lui. Ensuite, avec une copine de Stéphane, nous sommes sorti au Watergate qui est un club électro de la capitale.

Moi qui ai eu longtemps eu des a priori sur la musique électro, j'ai en fait découvert que j'aimais ce genre là...et j'aime surtout la musique électro suédoise ou finlandaise que m'envoie stéphane au gré de ses recherches musicales ou autres découvertes underground qui m'échappent encore! Mais je compte bien m'y intéresser de plus près, surtout avec tout ce qu'on a ici en Suède.

Pour éviter d'être long et ennuyeux, j'ai décidé de faire un petit lexique de mon épopée berlinoise...


Histoire

Berlin est chargée d'histoire. L'histoire est pourtant récente parce qu'il y a vingt ans, tombait le mur qui séparait le monde entre capitalistes et communistes, et ce mur, on peut encore le longer à certains endroits de la ville, et s'y prendre en photos comme on l'a fait -enfin c'est moi qui ai voulu- :)

En fait, on ne peut pas s'empêcher de se balader dans les rues de Berlin sans se demander comment était-ce possible que, pendant 28 ans, cette ville ait été la vitrine de la Guerre Froide. Et surtout, je me suis surpris plusieurs fois à me dire "J'aimerais bien voir comment on vivait quand on était à l'Est, l'avoir vécu pour voir comment c'était sous le communisme". En fait c'est ça, j'ai été fasciné par la ville et par son histoire. Et comme me l'a dit Stéphane, "Berlin n'est pas historique comme le sont d'autres capitales européennes, mais Berlin a une histoire plus proche, c'est historique dans un autre sens".

Berlin est bien sûr historique à cause du nazisme...et là encore, je me suis souvent demandé -avec naïveté...- au détour d'une rue ou dans une station de métro, comment ça faisait de vivre sous le nazisme, en plein coeur du système, ici, à Berlin, dans ces rues, au Reichstag etc...Et j'ai souvent visité les lieux forts de la capitale à la lumière de mes cours d'histoire.

Je suis également allé voir le Stade Olympique de Berlin, là où les Jeux Olympiques de 1936 on été organisés par l'Allemagne d'Hitler, à la gloire du régime nazi. Là encore, tout m'impressionnait, le stade de pierre, gigantesque, avec les statues grecques sensées représenter la supériorité de l'homme aryien et l'entrée principale du stade faite de deux immenses pilliers de pierres auxquels sont accrochés les anneaux olympiques d'origines, tels qu'ils ont été érigés en 1ç36. En plus, quand je m'y suis rendu, il pleuvait, il faisait sombre, alors l'ambiance était assurée...



Camps de Sachenhausen

J'ai toujours voulu visiter un camps de concentration. J'ai pu le faire à Berlin en me rendant au nord de la ville à Oranienburg. Cette petite ville a renfermé un camps de concentration qui fait plus d'une centaine d'hectare. Je suis arrivé là sans trop savoir où se trouvait le camps. En fait j'ai cherché assez longtemps, et je ne connaissais même pas le nom du camps. Alors je me suis un peu perdu dans la ville, j'ai marché, longtemps, et tout à coup, je suis tombé sur un bâtiment qui datait du milieu du siècle, c'était une annexe du camps de concentration de Sachenhausen, et plus précisément le coeur administratif du camps, là où tout se décidait. J'ai visité ce bâtiment, qui ressemblait en fait à un lieu administratif, à la façade gris clair. A l'intérieur, des bureaux administratifs, où travaillent des fonctionnaires. Ensuite, je me suis rendu vraiment sur les lieux du camps, après m'être renseigné pour connaître le chemin d'accès.

J'ai pu visiter le camps de Sachenhausen, muni d'un audioguide en Français, et là, tout m'a intéressé. Les lieux, les commentaires historiques. J'ai passé plus de deux heures à visiter ce camps, et il y avait longtemps que je n'avais pas visité un lieu aussi intéressant mais aussi bouleversant.



Culture RDA

Toujours en restant dans l'aspect Guerre Froide, Berlin est marquée dans son ancienne partie Est, par la "culture République Démocratique Allemande". Bien sûr, c'est la partie la plus populaire de la ville, mais aussi la plus agréable et intéressante à vivre. Stéphane vit à l'Est, et en fait, je ne suis allé à l'Ouest qu'une seule fois, c'était pour voir la porte de Brandenburg (et encore, c'était même pas l'Ouest à l'époque, puisque le porte historique de la ville était ni à l'est ni à l'ouest, dans une zone intermédiaire, une sorte de "no mans land".

Alors la culture RDA (ou DDR en allemand), c'est d'abord tout ce qui est dépassé, qui existait dans les années 60-70-80, qui aurait dû évolué depuis la chute du mur, mais qui est toujours là, et d'ailleurs quelquefois, on le revendique. Ainsi, de nombreux cafés ont gardé leur décoration DDR devenue kitsh aujourd'hui, avec leur tapisseries marrons orangées, leur sofas de mousse où on se sent enfoncé avant même de s'y être assis dedans, leurs lampes ou lustres d'époque etc...La culture DDR c'est aussi tous les vinyles vendus dans les boutiques spécialisées, les boutiques d'antiquités, qui proposent que des vieilles choses, des objets d'avant la chute du mur, des meubles, des fauteuils, des lampes...Enfin, la culture DDR c'est aussi tout ce qui est populaire, de rue, comme les concerts de rue, tard le soir, sous une petite tante au fond d'un escalier dans une cours. On a assisté à l'un d'entre eux à Warschauenstrasse, quartier très DDR qui est en fait devenu branché et très jeune aujourd'hui.


Kébabs

Berlin, c'est la capitale de l'Allemagne. C'est aussi la capitale des Kébabs. En fait, ce sandwich turc a justement été introduit par les Allemands d'origine turque. Ça coûte 2 Euros, et c'est assez bon. Alors on n'est pas certain de ce qu'on mange, si la viande est reconstituée ou pas, d'où elle vient, mais de toute façon, c'est trop tard, j'ai déjà tout mangé.

Voilà pour mon épopée berlinoise! Maintenant, j'attends Stéphane que j'accueillerai avec plaisir à Stockholm la semaine prochaine.

Ici à Stockholm, les feuilles commencent à tomber, l'automne arrive.
A très vite !

Joël

dimanche 21 septembre 2008

Week-end dada, week-end blabla


J'ai passé un week-end dada et un week-end blabla. Dada parce que je suis allé au musée, et blabla parce que j'ai eu à rédiger un devoir en anglais, et mon anglais correspondait à ce qu'on appelle en bon français, du blabla.

Alors j'aimerais dire que j'ai passé un bon week-end mais je ne le peux pas, sauf si celui-ci s'était arrêté samedi à 17h. En fait, à 17h je suis rentré chez moi, après une bonne journée passé au musée, pour...plancher sur le sujet d'examen qu'on m'a donné quelques jours plus tôt et que je dois rendre le lundi. Avant 17h, et depuis le matin 11h j'ai visité pour la deuxième fois le
Moderna Museet de Stockholm.C'est le musée d'art moderne de la capitale.

C'est Cyrielle, qui est d'Aix mais qui étudie à Upsalla, Ameline et Laure, qui sont également d'Aix et qui font des stages à Stockholm, qui m'avaient invité. J'ai accepté l'invitation. Je savais pourtant que j'avais mon examen à rendre pour le lundi, mais dans ma tête tout ça me semblait loin. En plus, le musée d'art moderne accueille une exposition itinérante dédiée à Max Ernst.

Max Ernst, Max Ernst...ah Max Ernst! Ca y est. Je me disais bien que je le connaissais de quelque part.
Comme un réflexe scolaire, je me suis dis à moi-même "Max Ernst est un citoyen allemand devenu célèbre pour avoir lutté contre le communisme de l'URSS pendant la Guerre Froide". C'est en tout cas ce que je me suis dit immédiatement après avoir su qu'il s'agissait d'une exposition sur Max Ernst. Je m'en souvenais parce que je l'avait appris en prépa, en classe d'allemand, avec Madame Lapère.

Mais il y avait un lourd problème: dans ma définition
d'Ernst, quel est le rapport avec l'art? Et avec l'art moderne? Aucun.

Voilà, tout est là, en fait Max Ernst n'est ni résistant contre le communisme, il n'est donc pas célèbre pour avoir lutté contre l'URSS. Bon il est allemand, mais il est surtout peintre. J'avais tout faux, c'est pas grave, je réglerai les comptes avec moi-même plus tard.

Alors comment était le Musée d'art moderne de Stoockholm? J'ai pas trop aimé. En fait Ernst est un surréaliste à l'origine du mouvement Dada. Ah! C'est pour ça que je dois le connaître alors. Cela doit remonter aux cours d'arts-plastiques du lycée; je me dis alors:"Max Ernst est un peintre surréaliste allemand, fondateur du mouvement Dada, et il a participé, aux côtés d'André Breton, à la rédaction du Manifeste du surréalisme en 1924".

Voilà, j'y suis maintenant. Tout rentre dans l'ordre.

Alors je ne sais pas pourquoi ses œuvres ne m'ont pas marquées. Aucune ne m'a spécialement attirée. En plus, dans les salles du musée, à chaque fois qu'on s'approchait de quelques centimètres des œuvres pour lire les écriteaux sensés parler des tableaux, on avait droit à une espèce de sonnerie stridente, un peu comme celle qu'on trouve quand on ouvre les cartes d'anniversaire et qui jouent "Joyeux a-nni-ver-saire..." bref. Là c'était pas "Joyeux anniversaire". C'était "Recule d'un pas, tu fais sonner".

A part ça j'ai quand même eu du plaisir à revoir les œuvres permanentes. Ils ont des Picasso, des Matisse, des Duchamp. Aussi, j'ai beaucoup aimé une vidéo qui mettait en scène dans un château une sorte de cour du Roi avec tous ses personnages, qui s'abonnaient à des chorégraphies diverses en costume colorés, rouges, orangés, jaunes. A la fin de cette vidéo, la Reine était tuée par balle à bout portant par une de ses courtisanes,puis elle ressuscitait immédiatement en souriant...et puis ça recommençait, et la vidéo passait en boucle dans la salle obscure.

Même s'il ne fallait pas chercher à tout comprendre (comme toujours en art moderne), j'ai aimé cette vidéo.

Aussi dans ce musée, j'ai fait la chasse aux posters. J'avais dans l'idée de garnir les murs blancs de ma chambre. Qu'y-a-il de mieux que des posters d'art moderne? Alors j'ai pris plein de dépliants et autres prospectus, que j'ai ensuite découpé, et collé un peu partout sur les murs de ma chambre. Le résultat est plutôt pas mal.

Comme je vous le disais, j'avais un devoir à rendre pour le lundi. C'était simplement complètement horrible. Je devais écrire sept pages tapées à l'ordinateur et en anglais. Le problème est: comment faire quand on pense en français et qu'il faut écrire en anglais? Si j'ai la réponse un jour, je vous la donnerai, en attendant, la réponse que j'ai trouvé est: "J'écris du franglais"
En fait ça n'était même pas une question de vocabulaire, je l'ai, ni de grammaire, je pense connaître mes règles, c'était en fait un problème d'ordre des mots dans la phrase, de
syntaxe. Alors, pour masquer ce petit problème, j'ai blablaté. Ça a été la phase blabla du week-end: de samedi jusqu'au dimanche soir très tard.
Heureusement, j'ai donné mon devoir à une amie Américaine qui m'a corrigé les fautes. Alors je souhaite avoir sauver les meubles.

Ce matin, c'est lundi: il est temps de rendre le devoir. Sur le sujet d'examen était écrit que nous devions remettre les copies ce lundi avant 12 heures dans tel bureau de tel bâtiment...Je m'y rends, copie imprimée en main.

Solennellement, nous devions mettre la copie dans une enveloppe, tout aussi solennellement blanche, sur laquelle on pouvait lire le logo très digne de l'université de Stockholm, avec, écrit en dessous "Stockholm Universitet". Ensuite, trônait au milieu de la pièce une sorte de boîte aux lettres noire destinée à reçevoir nos oeuvres blabla. Maintenant, les dés sont jetés, je n'ai plus qu'à croiser les doigts!

Si vous voulez, vous pouvez vous aussi croiser les doigts, sortir les grigris, brûler des cierges à l'Eglise... Ça peut toujours être utile pour me faire gagner quelques points!