lundi 15 décembre 2008

La Suède aux heures sacrées de la Sainte Lucie

Ce week-end a été celui des bougies, qui symbolisent le retour de la lumière, de  Noël avant l'heure, dans les rues de la ville et chez tous les Suédois, grâce à Sainte Lucie.

Oui, le 13 décembre est un jour particulier en Suède, comme dans de nombreux pays scandinaves et en Italie aussi, puisque c'est la Sainte Lucie. J'ai donc assisté pour l'occasion à un magnifique concert à L'Eglise Katarina de Stockholm, samedi soir à dix huit heures, dédié à la Sainte venue de Sicile.

Si Sankta Lucia est italienne à l'origine, elle a  ensuite été diffusée jusque dans les pays nordiques par la vague protestante venue d'Allemagne. Cette fête est aussi l'occasion de déguster partout en Suède des petits gâteaux briochés au safran et aux raisains secs, que l'on trouve absolument partout à cette époque de l'année, et que l'on appelle Lussekat. Aussi, les petits Suédois apportent à leur parents, au matin du 13 décembre, ces fameux (et bon, je les ai goûtés et plus que goûtés même) Lussekat.

Ce que je peux dire est que je n'ai jamais vu de concert de musique sacrée aussi beau. J'ai d'abord assisté samedi à un concert à Stockholm, puis dimanche, j'ai rendu visite à Cyrielle à Uppsala et nous sommes rendus, avec Ameline aussi, dans l'imposante cathédrale, siège de l'Eglise de Suède, qui abritait elle aussi son Lucia konsert, dans la plus grande tradition suédoise, une tradition perpétuée depuis 1927.

Sainte Lucie annonce la période de l'Avent, qui dure jusqu'à Noël. On la représente vêtue d'un tissus blanc, d'une ceinture rouge et d'une couronne de bougies. Elle distribue des bonbons et des biscuits, et chante des chansons aux petits enfants. Mais pourquoi donc une couronne sur la tête? Pour la simple et bonne raison que pour tenir le panier de biscuits, elle ne pouvait pas faire autrement, la nuit, et en particulier ici en Suède, où il fait nuit en début d'après-midi, dans la campagne, pour voir son chemin.

L'histoire raconte que Sainte Lucie remonte au Moyen-Age, puis, elle se serait ensuite convertie au Christianisme. Mais le 13 décembre 304, un jeune païen demande Lucie en mariage. Devant son refus, il la dénonce aux Romains qui la condamnèrent à être brûlée vive. Mais le feu destiné à la brûler ne la brûla pas, et Sainte Lucie resta en vie. 
 
Face à un tel phénomène, un hymne a été dédié à Sainte Lucie. Comme elle est sensée, dans un pays comme la Suède qui connaît des nuits avancées, symboliser le retour de la lumière, la chanson dit: "Natten går tunga fjät", ou, "La Nuit marche à pas lourds". Aussi la chanson affirme: "Sainte Lucie, brillante illusion".
Par ailleurs, il faudrait que j'apprennes les paroles par coeur. En tous cas, la mélodie est tellement accrocheuse, qu'elle vous reste dans la tête au moins toute la journée.
Pour les enfants, qui chantent notamment Sainte Lucie à l'école et qui élisent une Sainte Lucie chaque année, les paroles ont été simplifiées. Ils chantent "Dehors il fait noir et froid"...bref, merci d'enfoncer les portes ouvertes !

L'élection de Sainte Lucie se fait également (comme Miss France) au niveau national. En 2000, une polémique a éclatée sur l'élection d'une Sainte Lucie non-blanche. Finalement, elle fût élue, pour la première fois. Partout en Suède, le 13 décembre, des cortèges et défilés sont organisés dans toutes les institutions, sur les places, dans les rues et les magasains, sans compter les concerts de choeurs qui se déroulent dans les Eglises.

Vous auriez vu la beauté des chants sacrés. A Stockholm, comme à Uppsala j'imagine, les choristes sont rigoureusement sélectionnés pour faire partie des quelques privilégiés qui chanteront le 13 décembre à la gloire de Sankta Lucia. Le concert s'est déroulé de la manière suivante. J'étais tout seul avec avec Anaïs, parce que les autres ont été découragés par la file d'attente monstrueuse qui partait des portes de l'Eglise, qui traversait toute la court intérieure et qui continuait encore dans la rue. Mais en fait, nous n'avons attendu -dans le froid- qu'un quart d'heure. Nous achetons nos places à l'entrée.

Lès pieds à peine posés dans l'édifice, nous avons senti le poids des lieux sacrés, comme à chaque fois, que ce soit dans une Eglise de village ou dans une cathédrale, je ressens toujours quelque chose. C'était merveilleux parce que les lustres de l'Eglise étaient tous allumés, et le grand lustre central était pourvu de dizaines de chandeliers dont le feu scintillait comme autrefois j'imagine, quand on n'avait pas l'électricité, dans ces contrées nordiques et suédoises, froides et sombres, à l'approche de Noël. En vérité, je préfère même pas l'imaginer !

Les lumières s'éteignent, et seul le lustre central éclaire l'Eglise. A ce moment là, les dauphines de Sainte Lucie arrivent du fond de l'Eglise, chacune tient une bougie. Sainte Lucie ouvre le cortège. Elle aussi est vétue de blanc, elle aussi a un chandelier à la main, mais en plus des autres, elle est dotée d'une couronne d'environ sept bougies, sur la tête donc, et il est inutile de vous dire que pendant le concert, Sainte Lucie a dû batailler contre la cire qui lui coulait dans les cheveux et sur le visage. Ce doit être le côté martyr de l'Eglise et de la sainteté !

Quand le cortège s'avance donc, du fond de l'Eglise, lentement, et commence à entonner un chant, tout d'abord très doucement puis en crescendo, les voix envahissent la totalité de l'édifice et vous donnent des frissons. Les chants se succèdent et ne s'arrêtent plus, il n'y a aucun applaudissement entre les morceaux. Seuls le piano et une harpe je crois, accompagnent le choeur illuminé. La Katarina Kyrka de Slussen -un quartier de Stockholm- est au plus haut de sa gloire, elle est très belle, quoiqu'un peu austère, ou protestante, mais elle s'impose d'elle même, elle impressionne, et il n'y a pas besoin de trop de dorures pour cela.

Mais les choeurs sont par ailleurs composés de garçons, qui eux aussi sont parés de tissus blancs. En revanche, ils portent sur la tête des chapeaux blancs en forme de cônes et décorés d'étoiles dorées. Il arrive, mais je n'en ai pas vu, que certains garçons se déguisent en bonhomme de pain d'épices ou encore que d'autres portent des lanternes. Eux aussi chantent.

Le plus beau moment du concert est au début quand le choeur entre dans l'Eglise et entonne la chanson de Sainte Lucie (regardez la vidéo en entier, c'est magnifique), puis à la fin aussi, quand ils chantent la même chanson et repartent. Dimanche, au concert de la cathédrale d'Uppsala, tout était encore plus grandiose. Uppsala est le siège de l'Eglise de Suède et sans doute le plus grand édifice du pays. 

A la sortie de l'Eglise nous sommes allés, dans la plus grande tradition suédoise, prendre une fika (café, thé, et gâteaux ou mets salés) dans un café non loin de la cathédrale. J'ai ensuite repris le train pour Stockholm, qui met quarante minutes.

Je garderai à coup sûr un souvenir immense de la Sainte Lucie, et je projette déjà de me rendre en Suède le 13 décembre prochain pour assister au concert de nouveau !

En attendant, je file réviser mon examen de suédois qui est ce mercredi, je vous dis à très vite, et surtout, bonne Sainte Lucie à tous!

lundi 8 décembre 2008

Des journées ordinaires

Rien de neuf à Stockholm, je ne suis pas parti en voyage, je suis resté ici, et ce qui s'est passé ces deux dernières semaines était assez agréable parce que j'étais presque en vacances, et ça fait du bien. Qui a dit qu'en année d'Erasmus on ne travaillait pas? Moi je déments, parce qu'il m'arrive, souvent, d'avoir à étudier.

En effet, ces derniers jours, je n'ai eu que très peu de cours, j'ai seulement assisté à mes trois heures de suédois hebdomadaire. Le reste du temps m'a été donné pour libre, mais je savais aussi que j'avais à étudier pour mon prochain examen, qui est une épreuve de suédois, et que je passe dans une semaine maintenant. J'avais décidé d'étudier assez tôt, mais entre ce qu'on prévoit et ce qu'on fait vraiment, il y a toujours mille choses qui sont là et qui changent vos plans.
Alors j'ai étudié -à peine, ou du moins pas comme il l'aurait fallu- le suédois. Le reste de mon temps, je l'ai passé à profiter de l'ambiance de Noël qui fleurit un peu partout en ville. Aussi, j'ai revu des personnes que j'avais perdu l'habitude de voir, pour cause de révisions...

J'ai revu Kelly d'abord, mon amie américaine. Elle nous a tous invité chez elle pour célébrer la ô combien importante et traditionnelle fête de Thanksgiving.
Elle et ses amis américains,venus pour l'occasion, nous avaient rigoureusement préparé un à un les plats qu'on cuisine habituellement pour le fameux Thanksgiving dinner. Alors, le temps d'une soirée, l'Amérique s'est montrée présente à Stockholm. Nous avons mangé un poulet (les puristes vous diront qu'il faut une dinde, mais bon, le poulet était aussi réussi), des champignons farcis à une sauce excellente et puis gratinés au four, de la gelée de groseilles (pour accompagner le tout), des aubergines, des gratins traditionnels, bref, je ne me rappelle pas de tout, mais je me souviens de la bonne ambiance du dinner et aussi, du bon repas qu'on a fait. Happy Thanksgiving everyone!

Aussi, j'ai revu notre petit groupe de Français...car il faut le dire, c'est aussi bien de se retrouver entre Français. J'avais cuisiné un poulet au curry qui n'a pas eu qu'un succès confidentiel (les fleurs sont pas chères).
Ensuite, nous avons joué au Times Up qui est un jeu où l'on doit deviner des mots...L'ambiance est garantie, le bruit aussi, car pour le coup, je crois que nous avons détrôné oui, nous, Français, les Espagnols, au palmarès des personnes les plus buyantes! Même si une de mes voisines allemandes m'a assuré n'avoir rien entendu, l'autre, quant à elle, a "entendu des gens courir dans le couloir".

Enfin, il faut que je vous raconte que vendredi soir, j'ai mangé du renne.
C'était dans un restaurant traditionnel de Gamla Stan, situé dans la vieille ville donc, un tout petit restaurant à la salle minuscule, mais à la cuisine excellente. J'y suis allé avec des voisins qui m'avaient proposé cette petite escapade retour aux sources, retour à la cuisine traditionnelle, qui change, il faut le dire, de la student food que nous connaissons tous. Comme je vous le dis, j'ai mangé du renne en sauce, surmonté d'une tranche de navet, puis d'une tranche de potiron il me semble, de courge en fait, encore croquantes, accompagnés d'une sauce excellente, vraiment, ce plat était exquis, rien n'était à redire, et de pommes de terres sautées aussi. Rien n'est à redire, si ce n'est le prix, mais le renne est une viande assez chère, "onéreuse" aurait-on pu lire dans les livres de cuisine traditionnelle française que je trouvais chez Mamie de Villeroux (pour ceux, encore, qui ne sont pas au courant, mes grands-parents maternels habitaient une maison à la campagne dont le nom est Villeroux, alors, j'appelle ma grand-mère Mamie de Villeroux).

Voilà donc, comme je vous le disais, ces deux dernières semaines se sont déroulées en dehors du cadre universitaire, à peu de choses près. Mais ça va changer, et je m'y suis déjà mis, mon examen de suédois arrive à grand pas, alors, je dois filer et étudier vocabulaire et règles de grammaire, que Brit, notre prof de suédois, nous a donnée à apprendre.

Vi ses et à très vite!


mardi 2 décembre 2008

Opération Perceuses

La semaine dernière, j'assistais à mes derniers cours de Méthodes en sciences sociales qui est le cours le plus soporifique au monde. En sortant de trois heures de cette plaisante matière, j'ai appris que non loin de nous allait se tenir une conférence-échange sur l'Union Européenne entre le Premier Ministre suédois et le Premier Ministre croate. On s'est dit qu'après tous, c'était l'occasion de rencontrer en chair et en os l'une des plus hautes personalités politiques suédoises. Vous le reconnaîtrez sur les photos, il a le crâne un peu dégarni et il porte une cravate rouge. Pourant, non, il n'est pas social-démocrate, il n'est que conservateur.
 
J'avoue que je n'avais jamais vraiment entendu parler de Fredrik Reinfeldt, notre Premier Ministre ici, en Suède. Pourquoi? Tout d'abord parce que je ne peux pas lire les journaux en suédois, ensuite parce qu'il n'a pas tant de pouvoir que ça, enfin peut-être par faignantise!
Ce qu'il faut dire surout, c'est que le Premier Ministre suédois n'est pas comme N. Sarkozy. Il ne se met pas en scène contamment. Ici, il y a plus de pudeur et de modestie dans l'exercice du pouvoir, ce qui correspond parfaitement à l'état d'esprit de la société suédoise.

Comme je viens de vous le dire, c'était la première fois que j'entendais parler de Fredrik Reinfeldt, et surtout que je le voyais. Pourtant, c'est lui qui est à la tête de toutes les institutions, c'est lui qui incarne l'Etat au jour le jour dans l'action politique (le Roi quand à lui n'a qu'une fonction symbolique). 
En un mot, j'étais sensé avoir devant moi l'équivalent du Président de la République français. Mais comme la Suède n'est pas la France, le Premier Ministre suédois n'a pas autant de pouvoirs que notre Président français. En bon régime parlementaire, la Suède est avant tout gouvernée par son Parlement, et le Premier Ministre n'a qu'une importance secondaire. Peut-être est-ce cela qui expliquait que nous étions dans un amphitéâtre de pas plus de quatre cent places. Pour un Prime Minister, ils n'ont pas vu les choses en grand!

J'étais heureux de l'avoir entendu parler. A la fin, nous avons pu lui poser des questions, ainsi qu'à son homologue croate...Bien sûr tout l'échange s'est déroulé en anglais: qui pourrait imaginer que N. Sarkozy ou François Fillon puisse assumer un exercice de cette nature, en anglais?!

Enfin, à part ce moment intéressant et dont je me rappelerai, ici, la neige a fondu.

Et comme nous avaient averti la plupart de nos profs, "Vous verrez, là il neige, tout est blanc, c'est calme et doux, mais dans quelque jour, ce sera pas aussi joli". Bien vu! Désormais on marche dans la gadoue et il pleut depuis deux jours! Alors vivement le retour de la neige.

Cette semaine a été l'occasion de manger des crêpes aussi. Tantôt chez Violette, tantôt avec mes voisins. Aussi, Sabine nous a cuisiné des pâtes au Roquefort, et nous avons fait un diner 100% frenchy. Ca fait plaisir! Depuis que j'ai passé mon examen de Methods samedi de neuf heures à treize heures (merci au système suédois de programmer les examens à des horaires aussi piquants), j'ai décidé de me reposer après la semaine et demi de révision qui m'a retenu chez moi. Alors je me suis couché très tard ce qui m'a obligé à me lever très tard aussi.

En ouvrant les yeux, j'ai regardé ma fenêtre et la lumière semblait matinale, puisqu'il n'y en avait presque pas; "Pfffff, mon sommeil n'a pas été réparateur, ce doit être 6 heures du matin, je me rendors", me dis-je. Vous devinez la suite. J'ai réalisé que nous étions en début d'après-midi, et que la nuit était en train de tomber. La sensation de s'endormir avec la nuit, puis de se réveiller avec la nuit, vous coupe l'envie de vous coucher tard. Alors pour profiter du jour, je le saurai, il vaut mieux se lever tôt. Le soleil se lève que vers 8h15, donc il faut prévoir le coup. 

Enfin, je n'ai pas eu à prévoir le coup cette semaine, puisque depuis trois jours, les perçeuses ou autres marteaux piqueur ont fait office de réveil. Oui, dans le couloir où j'habite, est organisée pour quinze jours la grande opération "Réveil au marteaux piqueurs". La société de logements a décidé de changer les radiateurs dans toutes les chambres, alors, à 7h20, chaque matin, c'est un festival de perçeuses, de sorte qu'en vous levant, vous avez mal à la tête. Aujourd'hui c'est décidé, je vais m'acheter des boules Quies, ça devient insupportable. J'ai essayé les mouchoirs en papier dans les oreilles, mais ça ne marche pas. 

J'en ai parlé à Mamie du Moulin (pour ceux qui ne savent pas, ma grand-mère paternelle habite une maison appelée Le Moulin, donc on l'a toujours appelée "Mamie du Moulin") qui m'a raconté, avec un humour caustique comme on l'aime,son expérience à propos des boules Quies: "Quand nous habitions l'immeuble, à Toulouse, alors que la maison n'était pas encore prête, nous avions ces gens sur la tête, et cette femme là, qui faisait un bruit infernal, alors j'ai mis des boules Quies". Comme quoi, la boule Quies est transgénérationnelle!