J'ai passé quatre jours en Laponie suédoise avec Cyrielle et Dorotha (son amie polonaise) et Stéphane de Berlin. Le voyage a été long, mais il en valait vraiment la peine, tellement les paysages, la région, le climat et les coutumes étaient nouveaux pour nous.
La traversée de la Suède
On a donc pris le train jeudi soir, de Stockholm, vers dix huit heures. Abisko, l'endroit où nous devions nous rendre, est une petite ville, pour ne pas dire un village, située à côté de Kiruna, qui est la dernière ville de Suède, la ville la plus au nord du pays. Le voyage en train a duré seize heures, et nous avons traversé la Suède sur plus de mille deux cents kilomètres au nord. On s'était dit qu'on verrait les paysages évoluer pendent le voyage en train...mais comme il a fait nuit tôt, on a vu le changement au milieu de la nuit, quand on se réveillait, et surtout au petit matin. Nos nuits dans le train, à l'aller et au retour, furent ponctuées par les annonces du conducteur, à chaque station, dans les endroits les plus reculés de la Suède où personne ou presque ne descend...Aussi, on pouvait entendre la neige venir s'abattre sous le train, avec le vent. Alors on a dormi plus ou moins bien.
Au petit matin, la surprise a été de voir les immensités de neige, les quantités aussi. C'était impressionnant mais on s'y fait vite. Puis surtout, on se demande quelle température il fait dehors, dans ce lieu où la neige n'a pas fondue et s'accumule depuis plusieurs mois. En fait, il faisait -20°.
Le matin, alors qu'on était encore dans le train pour Abisko, Stéphane et moi n'avons pas pu attendre pour aller goûter l'air froid. Alors, à un arrêt, on est allé ouvrir la porte du train la plus proche. J'ai été surpris par le froid et je me suis mis à toussé! Puis Stéphane a dit "Ah oui non ça va quand même." Avant de se reprendre "Ah non quand même, il fait froid". On s'est ensuite précipité dans le train, dans le waguon restaurant aux allures de Transibérien, où nous prenions notre petit-déjeuner.
L'arrivée en Laponie
Finalement, après la traversée nocturne de la Suède, nous somme arrivés à Abisko en milieu de matinée. Parés de nos habits les plus chauds, nous descendons de ce train bagages en mains. Où est l'auberge de jeunesse? C'est la question que nous nous posons immédiatement. En tous cas, on refuse de rester immobile dans ce froid. On n'avait pas encore mis nos combinaisons de ski, alors on sentait réellement le froid et on ne pouvait pas rester immobile. On était sur le quai de la gare. Enfin...le quai est un bien grand mot. On était en fait sur les bordures de la voie ferrée, une foie ferrée de campagne, c'est-à-dire sur des talus enneigés. Autour de nous, rien du tout. Quelques maisons de bois rouge (une sorte de rouge basque). Aussi, on était les seuls, mis à part deux chinois qui cherchaient la même auberge de jeunesse que nous. Finalement, on tourne un peu mais on trouve rapidement l'endroit où nous allions dormir pendant deux nuits.
C'était une grande maison typique, de bois rouge. Devant une sorte de cours avec en face quelques habitations et le sauna. Sue la façade, des équipements de ski, raquettes et autres bâtons. On entre dans l'auberge, c'était tout ce qu'il y a de plus montagnard, à savoir des chambres de bois clair, une cuisine commune. Le propriétaire arrive et nous explique les restrictions d'eau. Soit on va au sauna, soit on prend une douche mais jamais les deux, par mesure d'économie d'eau. Aussi, il nous montre comment faire la vaisselle. Ne jamais rincer à l'eau chaude. Ne jamais faire tremper, toujours pour économiser l'eau. Bon, malgré ces petites restrictions, nous avons passé un super séjour.
La découverte de nouveaux paysages
Tout a commencé le premier jour par une ballade de trois kilomètres en ski. Nous nous couvrons bien, d'autant plus qu'il était 14h et qu'il faisait gris, le soleil était quasiment couché et la nuit n'allait pas tarder à tomber. Mais si on s'en tient à la nuit, on ne fait plus rien...alors on y va. Le propriétaire de l'auberge nous a dit d'allumer, au début du sentier, les lampes publiques qui allaient nous éclairer sur toute la durée du parcours. Alors on se rend à la borne pour allumer les lumières. Un petit écriteau nous averti qu'en dessous de -18° l'éclairage ne peut pas fonctionner. Alors, on s'est dit que la lune, qui était pleine et blanche, nous éclairerait. Il faisait un vent de fou. Alors je vous dit pas le froid, surtout sur le visage...enfin sur la partie du visage qu'on avait pas enrobée de laine. Nos cils se sont mis à geler, ils étaient tout blanc, ils collaient.
Mais la promenade a été l'occasion de vraiment découvrir pour la première fois les vrais paysages de Laponie. La neige à perte de vue, la glace partout, toujours, le froid et le vent, la nuit aussi et cette lune qui nous éclairait comme en plein jour grâce à une par terre recouvert de neige. Le sentier était assez vallonné.
Le soir, après être rentré à l'auberge, nous somme repartis en ski au supermarché... enfin, à la seule supérette du coin, pour faire des courses. Après ça, nous savions ce qui nous attendait, un rite traditionnel et typiquement nordique, qu'on ne pouvait pas ne pas faire, le sauna.
Le rite du sauna
On a tout entendu sur le sauna. Alors les questions qui reviennent à chaque fois sont: est on entièrement nu? Est ce mixte? Doit on se rouler dans la neige? Comment ça marche? Nous, on a eu toutes les réponses! Alors oui, le sauna est mixte, oui on doit être entièrement nu pour des raisons d'hygiène, et on ne peut pas apporter notre propre serviette. Ensuite, c'est vrai, il est fortement conseillé de se rouler dans la neige. Alors on l'a fait!
Quand vous arrivez au sauna, la personne vous explique comment ça se passe. La salle de bois est toute sombre, seules deux bougies nous éclairent et peut-être deux petites loupiotes. "Enlevez tous vos habits, posez les sur les portes manteaux, prenez une serviettes entrez dans le sauna et asseyez vous".
Une fois installé dans les lieux, la responsable du sauna commence à faire ses mixtures d'eau et d'huiles essentielles. Elle fait bouillir de l'eau, la transvase, la verse...bref cela avait l'air d'être tout un art. A côté d'elle, le poële et le brasier qui chauffent les pierres de lave.
C'est sur les pierres brûlantes que l'on jette l'eau qui se transforme en vapeur. A chaque fois qu'on jetait l'eau sur les pierres, un nuage brûlant de vapeur envahissait tout l'espace. Ensuite on n"avait qu'une envie: sortir et de se rouler dans la neige! La température est montée jusqu'à 65°. Dehors, il fait -20°: voyez le contraste! Mais finalement, c'est assez sain et surtout, ça n'est pas douloureux comme on peut l'imaginer. Au bout d'un quart d'heure dans le sauna, la personne nous dit "Je jette encore un fois de l'eau, puis ensuite on cours tous dans la neige".
Après que le nouveau nuage de vapeur se soit un peu dissipé, elle s'écrie "Courez courez vite, courez dehors!". Évidemment on y va. Je sors donc du sauna par la porte de bois, et là je vois la neige, partout. J'ai tellement chaud que je ne réfléchie pas et m'allonge tout nu par terre dans la neige fraîche, avant de rentrer de nouveau dans le sauna.
La Laponie c'est crevant: le froid, le vent, puis le sauna aussi, ça vous achève! Le soir, on n'allait pas au lit trop tard, pour pouvoir se lever le matin et partir en excursion. On voulait voir les aurores boréales mais on a pas eu de chance, le ciel était trop couvert.
Le lendemain a été l'occasion de se rendre au Canyon, en ski encore une fois. L'après midi, on est allé au lac qui borde le village. On y est allé en raquettes cette fois, alors on a pu passer à travers champs. Les paysages étaient sauvages et tellement typiques. Parfois, on regardait autour de nous; il n'y avait pas une trace humaine, il n'y avait que de la neige, des montagnes et de la glace. Le lac gelé donc s'étendait aussi à perte de vue. On y a marché dessus, au bord bien sûr, même si la couché de glace permettait qu'on aille plus au milieu. Il faisait nuit, donc c'était quand même stressant.
La randonnée en chien de traîneau
Le dernier jour, nous avions prévu de faire du traîneau dans les montagnes. Levés 7h, nous retrouvons le maître des chiens près de l'auberge. Il nous explique pendant une demi heure les consignes. On avait chacun notre propre traîneau, et quatre chiens devant, qu'on devait guider sans tomber. Le résultat était à couper le souffle. La ballade a durée près d'une heure et demi et je n'oublierai jamais cette expérience.
Ces quatre jours ont dont été l'occasion de devenir encore plus suédois, loin de la grande ville, loin de Stockholm...dans l'un des lieux les plus reculés de la Suède profonde. Mais quatre jours sont suffisants, parce que pour supporter autant de froid et de neige (et de nuit aussi), il faut juste y être né. Mais je me rappellerai souvent d'Abisko, du sauna traditionnel, des chiens de traîneau, des paysages de glace...
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